Après sa première année de maternelle, lorsque, à la fin des grandes vacances, j'ai annoncé à mon fils que l'école allait bientôt reprendre, il me rétorqua avec le bon sens que seul un enfant de 4 ans peut avoir :
- L'école ? Mais j'y suis déjà allé l'année dernière !
Si il savait...
Au début, vous apprenez à parler, puis à lire et à écrire.
Et inexorablement, année après année, votre scolarité se poursuit, les professeurs dépressifs et nombrilistes tentent de clarifier et d'élargir votre appréhension du monde, en vous donnant des connaissances indispensables : la guerre de 100 ans, la IVème République, le futur antérieur, la division à plusieurs inconnues, le gérondif...
Ensuite il s'agit de savoir agencer ces idées, les vôtres et surtout celles des autres, synthétiser les analyses puis les développer pour les exposer le plus clairement possible.
Une fois que vous avez maîtrisé tout cela, ce n'est pas forcément la fin de vos études, pour peu que vous y ayez pris goût.
Paradoxalement, alors que vous pensez tout savoir, et que vous pourriez faire fructifier cet acquis, vous pouvez à présent apprendre à parler pour ne rien dire.
Dans ses grandes écoles spécialisées, il s'agira d'aligner des mots, de préférence compliqués pour dérouter votre auditoire, dépoussiérer de vieilles idées, les mélanger pour les camoufler, provoquer sans accident des têtes à queues de phrases sans queue, ni tête...
Oui, c'est tout un art d'articuler ces artifices.