J'y plongeai la main, non sans répugnance, pour en sortir un scarabée en faïence bleu, dont la carapace, dorée à la feuille d'or, était superbe. L' amulette remplaçait le cœur qui avait été retiré. Je fis un rapide inventaire de ce que la dépouille renfermait et recensai quatre paquets de tailles différentes qui devaient contenir respectivement le foie, l'estomac, les intestins et les poumons. Conformément aux rituels d'embaumement, les reins, la rate et la vessie semblaient à leur place, même si je n'étais pas certaine d'identifier correctement les trois organes compte tenu de leur piètre état de conservation.
Je sortis de la cavité abdominale des tampons de lin imprégnés de résine et de sciure de bois, ainsi que d'une substance qui ressemblait à une essence aromatique. Je palpai les parois internes pour m'assurer de ne rien oublier. Je trouvai de la paille séchée et deux oignons. En inspectant les bras et les jambes, je retirai deux bagues. L'une, en or avec un scarabée monté, enserrait l'annulaire gauche. L'autre, au médius gauche, était une chevalière en or. Avec d'infimes précautions, je déballai les quatre sachets les uns après les autres. A l'intérieur, une mixture noire méconnaissable ne me permit pas d'identifier les organes.
Je dégageai sans difficulté la plaquette en bois peint et abordait la fastidieuse tâche de débandelettage. L'étoffe, relativement souple, me permit d'en dérouler de longs pans, avec l'assistance de Louis et d'Henri qui maintenaient la momie en suspension. Je dus couper à plusieurs endroits, parfois même râper le tissu. Je ne découvris pas d'autre suaire entre les différentes couches de bandelettes, ni aucune amulette ; peut-être était-on en présence de la momie d'un individu du peuple. Cependant, les motifs visibles dans le tressage des bandelettes ne concordaient pas avec cette hypothèse, puisque ceux-ci étaient ordinairement réservés aux défunts aisés. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises !
La suite dans le prochain épisode !