La valse des microbes s'en donne à coeur joie : une petite grippe par-ci, une petite toux par-là et moi et moi et moi !
Le nuage se faufile à travers la ville, sur les dessus des poignées de portes, sous les paumes des mains ou encore aux commissures des lèvres des victimes choisies. C'est l'automne qui en a décidé ainsi car l'été est trop gentil, l'hiver un peu lent et le printemps bien trop préoccupé à faire valser les semences d'un autre ordre.
Il était une fois un petit virus, tout étonné de se trouver là, qui ne parvint jamais à s'accrocher à rien.
Très jeune encore, il avait peu d'expérience et découvrant le monde, il se laissa porter un peu trop loin, manquant ainsi le bébé nouveau-né, la mamy centenaire et l'asthmatique diabétique souffrant d'herpès labial. Il appréciait ce voyage et n'avait dès lors absolument aucune envie de tout gâcher en se fixant sur quelqu'un. Il oublia donc les ordres de l'automne et se retrouva en hiver.
Très vite, il se mit à avoir froid. Il grelotta, il grelotta à tel point qu'il gela. Le nez rouge et les pieds bleus, il se trouva tout penaud au milieu d'un hiver qui ricanait. Alors, il perdit ses forces et tomba dans l'oubli d'une campagne au manteau blanc, sans avoir revu l'automne son maître ou le printemps qui aurait pu lui donner une seconde chance.