On s’est offert une soirée d’enfer avec Mostek et Moustique, une soirée… euh chais pas moi, une chouette soirée quoi. M’est venue spontanément l’expression « une soirée filles et bas résille », mais franchement, même si ça rime, ça colle pas à notre soirée. Passqu’on met pas de bas résille, nous, même si on est des filles, des vraies.
Après maintes discussions et tergiversations au sujet de l’endroit rêvé pour passer une soirée « comme au bon vieux temps quand on bossait ensemble, avant la démoustication patronale, qu’on causait dossiers devant un plat de pâtes en refaisant le monde », nous optons pour un resto grec. Ça fait un bail qu’on n’a plus mangé grec, voilà une super occasion.
Mostek et moi sommes pile à l’heure au rendez-vous, Moustique pile plus cinq, à peine eu le temps de l’attendre en commençant à refaire le monde.
Une fois l’apéro commandé, nous entamons vraiment notre séance « refaire le monde ». Etrangement, mais pas tant que ça, nous adorons discuter boulot, même si Moustique est partie depuis bientôt deux ans, ça me sidère toujours la rapidité avec laquelle les mois filent comme des bas pas résille. Comme dirait l’autre, « on va tous crever » (private joke, reliquat du temps oùsque les bureaux où je bosse étaient ailleurs, temps que les moins de cinq ans d’ancienneté ne peuvent pas connaître, temps que je partage désormais avec tellement peu de monde, on ne rajeunit pas ma bonne Anaïs). Malgré le temps qui passe, ben ça nous unit toujours, alors on cause bureau, on cause dossiers, on cause clients chiants (pléonasme), on cause boss, on cause collègues, on cause horaires, on cause salaires, on cause bureau bureau bureau.
Derrière nous, un énergumène mange en lisant bruyamment. Enfin lit en mangeant bruyamment. Non, ce n’est pas ça, Anaïs, tâche de t’exprimer correctement crévindjeu. Il lit. Il mange. Et il se racle la gorge. Mais pas un « heum heum » bien sec. Non, un raclement qui veut dire « remonte vite dans mon gosier, grosse glaire visqueuse, que je puisse t’extirper de mon organisme au plus vite… ou te ravaler goulument ». Et il fait des bruits immondes, des bruits vomitifs, des bruits glaireux.
Et nous tentons de continuer de parler bureau, malgré le fou-rire de dégoût qui nous guette.
Puis on zappe. Enfin. Et on passe aux potins de filles, qui tournent autour de sujets hautement intellectuels, et tellement universels : sexe, fringues, bouffe, kilos en trop, projets perso, projets pro, séries télé, et puis les trucs hautement intellectuels, universels, mais confidentiels, que je ne peux répandre ici sous peine d’être maudite pour 666 générations.
Mister glaire continuer ses ablutions visqueuses.
Notre bouffe arrive. Moustique et moi, on a pris les brochettes d’agneau. Mostek le mezze. Elle regrette. Mostek et Moustique ont pris les pâtes grecques. Moi la patate pétée. Je regrette. Chais pas vous, mais moi, j’ai la manie de bien souvent regretter mon choix au resto, une fois que je vois l’assiette de autres. Instinct grégaire sans doute. Donc y’a que Moustique qui est pleinement heureuse de son choix. Alors Mostek et moi, on fait du troc : « je t’échange de l’agneau contre un calamar et des pâtes grecques », « adjugé ».
Mister glaire continuer ses ablutions visqueuses.
Et nous, on se régale, en continuant à refaire le monde.
Mister glaire continuer ses ablutions visqueuses.
Et on passe au dessert. Assiette de pâtisseries grecques pour moi, j’en rêve depuis plusieurs heures déjà. Finalement, peu importaient l’apéro et le plat, tant que j’avais mon dessert dégoulinant de sucre pour terminer en beauté. Alors, on termine en beauté, en devisant sur ces cinq mini pâtisseries hyper alléchantes… bien que l’une d’elle ressemble fortement à un Tampax… ou plutôt à un OB. Discussions intellectuelles de filles, je vous disais.
Mister glaire continuer ses ablutions visqueuses.
Soudain, un appel téléphonique annonce une mega big grande nouvelle de la mort qui tue. Et tout bien réfléchi, on a chacune des bonnes nouvelles à fêter. Chacune. Toutes. Somme toute, c’est assez rare pour être remarqué. Passque lors d’un repas entre girls, la probabilité que toutes aient des bonnes nouvelles est aussi élevée que de trouver une perle dans chaque huître creuse d’un buffet géant. Mais là, si, on a toutes de bonnes nouvelles de la dead qui tue la live.
Mister glaire continuer ses ablutions visqueuses.
Et nous, on veut fêter ça. Mais pas ici, marre des raclements de gorge répugnants qui finiraient par donner la nausée à toute une équipe de médecine légale.
On va partir d’ici. On paie, on se lève. Moustique et moi devisons gaiment et longuement sur nos écharpes Strelli respectives, leurs motifs, leurs coloris presque similaires, leur beauté, leur année d’achat… jusqu’à ce que Mostek nous interrompe d’un « euh, je dérange pas les filles ? » Fou-rire.
Bon, on quitte Mister glaire.
Reste à décider ce qu’on va boire pour fêter ça.
Un cocktail ? Nan, je ballonne trop après ce repas succulent.
Du champagne ?
Yesssssssss, super idée.
Là vous vous dites, c’est quoi ces gonzes qui ont toujours du champagne au frais au cas où elles auraient une bonne nouvelle, on est dans Gossip girl à Namur, là, ou quoi ?
Je pourrais vous répondre « Kwaaaaaaaa ? Tout le monde n’a pas du champagne, avec des macarons et un gros pot de caviar chez souaaaaaaa ? M’enfin, c’est quoi cette populace qui se contente d’un paquet de Grills et d’un Martini pour fêter une bonne nouvelle ? »
Mais bon, me croiriez vous ?
Nan.
C’est juste le hasard qui fait bien les choses et qui a mis chez Mostek une bonne bouteille de champ’. Mais pas au frais, vilain hasard qu’est pas parfait.
Direction chez Mostek alors.
Une fois sur place, nous nous vautrons sur son canapé, pendant qu’elle tente d’ouvrir sa bouteille. Bingo, elle y parvient sans défoncer son plafond. Nous sert trois grands verres de champagne (pas des coupes, nan, des verres à limonade), avec des glaçons dedans. Sacrilège ? Sans doute, mais keske c’est sympa, cette dégustation improvisée.
Petit surf sur Facebook afin d’y glaner des informations captivantes.
Second verre.
Mostek se lance dans la coiffure et fait des tresses à Moustique.
Troisième verre.
On allume la télé pour savoir qui est viré de Secret Story.
Bouteille terminée.
Ça tourne un peu la tête, mais c’est que du bonheur.
Comme cette soirée ponctuée de moments de nostalgie, de grands débats sur l’avenir et d’un nombre incroyable d’éclats de rire.