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Les premiers chrétiens : les Actes des martyrs (7)

Publié le 18 novembre 2010 par Hermas

pc-copie-1.jpg « Les événements se précipitèrent. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la foule se rua dans les ateliers et dans les bains pour ramasser du bois et des fagots. Les Juifs s’acquittaient de la besogne avec leur zèle habituel. Quand le bûcher fut prêt, le martyr retira lui-même tous ses vêtements, il détacha sa ceinture, puis commença à se déchausser, geste dont les fidèles le dispensaient toujours : dans l’impatience où ils étaient de toucher son corps, tous se précipitaient pour l’aider. Bien avant son martyre, la sainteté de sa conduite inspirait cette unanime révérence. Rapidement, on disposa autour de lui les matériaux rassemblés pour le feu. Mais, quand les gardes voulurent le clouer au poteau : “Laissez-moi comme je suis, leur dit-il. Celui qui m’a donné la force d’affronter ces flammes me donnera aussi, même sans la précaution de vos clous, de rester immobile sur le bûcher.” Ils ne le clouèrent donc pas et bornèrent à le lier. Les mains derrière le dos, ainsi attaché, il ressemblait à un bélier magnifique, pris dans un grand troupeau pour être offert en sacrifice à Dieu et à lui seul destiné. Alors, il leva les yeux au ciel et dit : “Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de Jésus-Christ, ton Fils béni et bien-aimé, à qui nous devons de te connaître, Dieu des anges, des puissances, de toute la création et du peuple entier des justes qui vivent sous ton regard, je te bénis parce que tu m’as jugé digne de ce jour et de cette heure, et que tu me permets de porter mes lèvres à la coupe de ton Christ, pour ressusciter à la vie éternelle de l’âme et du corps dans l’incorruptibilité de l’Esprit Saint. Accueille-moi parmi eux devant ta face aujourd’hui ; que mon sacrifice te soit agréable et onctueux, en même temps que conforme au dessein que tu as conçu, préparé et accompli. Toi qui ne connais pas le mensonge, ô Dieu de vérité, je te loue de toutes tes grâces, je te bénis, je te glorifie au nom du Grand Prêtre éternel et céleste, Jésus-Christ, ton Fils bien-aimé, par lequel la gloire soit à toi comme à lui et à l’Esprit Saint, aujourd’hui et dans les siècles futurs. Amen !”


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« Quand il eut prononcé cet “amen”, qui achevait sa prière, les valets allumèrent le feu. Une gerbe immense s’éleva (...).


« Telle est l’histoire du bienheureux Polycarpe. Il fut le douzième d’entre nos frères de Philadelphie à souffrir à Smyrne. Son souvenir reste plus vivant que tous les autres et il est le seul dont les païens chantent partout les louanges. Il fut un maître prestigieux, un martyr hors pair, dont tous aimeraient imiter la passion, si fidèle à l’Evangile du Christ. Son courage a eu raison d’un magistrat inique et lui a mérité la couronne d’incorruptibilité. Il partage désormais la joie des apôtres et de tous les justes, il glorifie dieu, le Père tout-puissant, et bénit notre Seigneur Jésus-Christ, le sauveur de nos vies et le guide de nos corps, le pasteur de l’Église catholique répandue dans le monde. Vous désiriez avoir un rapport détaillé de ces événements. Nous nous bornons ici au récit succinct qu’en a fait notre frère Marcion. Quand vous aurez lu cette lettre, transmettez-là de proche en proche à nos frères, afin qu’eux aussi rendent gloire au Seigneur, qui choisit ses élus parmi ses serviteurs. A celui qui, par sa grâce et sa bonté, a le pouvoir de nous conduire tous à son Royaume éternel, par son Fils unique Jésus-Christ, gloire, honneur, puissance, grandeur dans les siècles ! Saluez tous les chrétiens. Ceux qui sont avec nous vous envoient leurs salutations, j’ajoute les miennes et celles d’Evariste le scribe, ainsi que de sa famille. Le martyre de Polycarpe eut lieu le 25 avril, le jour du grand sabbat, à deux heures de l'après-midi. Il fut emprisonné par Hérode, alors que Philippe de Tralles était grand prêtre, que le proconsul était Statius Quadratus et que Jésus-Christ régnait pour tous les siècles. Grâces soient rendues à Jésus-Christ notre Seigneur, à qui soient la gloire, l'honneur, la grandeur et le trône éternel, de génération en génération. Amen.


Gaïus a transcrit cela à partir du manuscrit d'Irénée, disciple de Polycarpe ; il vécut aussi avec Irénée. Moi, Socrate, à Corinthe, je l’ai écrit d’après une copie de Gaïus. La grâce soit avec vous tous. Moi, à mon tour, je l’ai écrit à partir du manuscrit précédent après l’avoir cherché, le bienheureux Polycarpe me l’ayant manifesté par révélation (...) »


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