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Sur l'eau & autres récits méditerranéens-Maupassant

Publié le 17 novembre 2010 par Adamante

JEUDI EN POESIE 

CROQUEURS DE MOTS 

Guy de Maupassant, conteur, observateur, allergique à la médiocrité, à la laideur, à la pesanteur du monde était épris de liberté et en quête de l’harmonie.

Dans son livre « sur l’eau et autres récits méditerranéens » il nous donne à partager les superbes descriptions de ses contemplations ainsi que ses réflexions pessimistes sur l’humanité.

Ce livre a beaucoup marqué mon adolescence portée à la rêverie et au bonheur de la description bien faite.

Dans l’extrait que j’ai choisi, il décrit une abbaye, et cette description nous amène à nous interroger sur la vie monastique vécue entre ces murs.   Adamante

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« J’approche de l’abbaye et je découvre tous les vieux bâtiments dont les plus anciens datent du XIIè siècle et dont les plus récents sont habités par une famille de pâtres.

Dans la première cour on voit, aux traces des animaux, qu’un reste de vie hante encore ces lieux, puis après avoir traversé des salles croulantes pareilles à celles de toutes les ruines, on arrive dans le cloître, long et bas promenoir encore couvert, entourant un préau de ronces et de hautes herbes. Nulle part au monde je n’ai senti sur mon cœur un poids de mélancolie aussi lourd qu’en cet antique et sinistre marchoir de moines. Certes, la forme des arcades et la proportion du lieu contribuent à cette émotion à ce serrement de cœur, et attristent l’âme par l’œil, comme la ligne heureuse d’un monument gai réjouit la vue. L’homme qui a construit cette retraite devait être un désespéré pour avoir su créer cette promenade de désolation. On a envie de pleurer entre ces murs et de gémir, on a envie de souffrir, d’aviver les plaies de son cœur, d’agrandir, d’élargir jusqu’à l’infini tous les chagrins comprimés en nous.

Je grimpais par une brèche pour voir le paysage au-dehors et je compris. Rien autour de nous, rien que la mort.

Derrière l’abbaye une montagne allant au ciel, autour des ruines la châtaigneraie, et devant, une vallée, et plus loin, d’autres vallées, des pins, des pins, un océan de pins et tout à l’horizon, encore des pins sur des sommets. »


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