Mais pourquoi tu deviens mère?… Bordel…

Publié le 20 novembre 2010 par Madameparle

Il y a 9 mois, déjà, j’ai crée ce blog pour ne pas vivre seule mes derniers mois de grossesse.
Il y a 9 mois déjà, elle a crée le sien pour parler de la sienne qui débutait.
Il y a 9 mois, nos vies qui s’étaient déjà croisées se sont rapprochées.
Et puis voilà, dans quelques jours ils seront trois.
A quelques  heures de vivre un des plus grands chamboulements de sa vie de fille, de femme, de maîtresse,j’ai demandé à Mère Bordel, un dernier effort. J’ai voulu savoir ce qu’elle ressentait tout au fond de son petit coeur et sous sa carapace bloguesque.
Elle a su agiter le dernier neurone qui lui reste pour pondre ce billet tout en douceur et en émotion.

…….


J-8, déjà…

Un regard en arrière, un coup d’œil par-dessus mon épaule, un pincement de nostalgie.

Un peu plus de 3 ans avant.

Je ne veux pas de mec, pas d’enfant.

Je ne crois ni en la famille, ni en ce monde de merde.

J’ai appris, déjà, à ne plus me faire de mal, mais je ne veux pas de construction pour autant.

Je Le rencontre, un soir, le soir de mes 31 ans, au détour d’un bar où j’arrose l’évènement comme il se doit.

Je suis une séductrice et j’aime ça, il est beau  et mes copines l’admirent avec l’œil humide.

Mi-chasseuse, mi-charmée,  j’attaque.

Du vin, la fête.

Je danse.

3 mots échangés en fin de soirée et nous rentrons ensemble, presque naturellement.

La fin de nuit se passe comme elle peut se passer en pareils cas, ni plus, ni moins.

Un bel instant, suspendu, beau parce qu’on l’imagine unique, une parenthèse.

Le lendemain matin, nos yeux s’ouvrent.

Ni l’un ni l’autre n’avons envie de trouver un prétexte pour nous séparer, contrairement à nos habitudes respectives.

La rencontre de 2 chasseurs libres.

Ca devrait nous étonner, c’est pourtant une évidence.

Nous ne nous quitterons pas pendant des jours.

6 mois après nous emménageons ensemble.

1 an de plus, un PACS.

Et nous voilà, à la veille de devenir parents, après 3 ans de doutes, de joies, d’embrouilles et de réconciliations.

3 ans de love quoi…

Déjà une pointe de nostalgie avant ce grand chamboulement qui nous fait devenir trois.

Une grossesse heureuse, et pas.

L’ambivalence à son paroxysme.

Moi, femme libre, libérée, forte, engagée.

Terrassée.

J’ai été terrassée de me lancer dans cette maternité, à corps perdu.

A cœur ouvert.

Et je l’ai pourtant fait, presque du jour au lendemain, comme on plonge d’une falaise.

On a roulé en boule la liste de toutes les bonnes raisons de ne pas faire d’enfant.

On a fait l’amour, avec plus d’intensité encore aux périodes propices.

On a fait l’amour avec plus d’amour.

J’ai balayé tout le reste, renoncé à mes escapades au bout du monde, à certaines de mes frivolités, à la forme de liberté que j’avais connue jusqu’à maintenant.

Je me suis attachée à la vie.

Je me suis attachée en vie.

Me voilà à 8 jours de voir naître ma fille.

Mon enfant.

Mon premier enfant.

Ce bébé qui fait de moi une mère.

Qui a DEJA fait de moi une mère.

Cette petite fille qui transforme l’homme que j’aime en père, et me fait l’aimer encore plus, Lui, après des hauts et des bas pendant la grossesse, après que je l’ai malmené pendant des mois.

Pour être sûre de son amour ?

Sûre qu’il ne m’abandonnerait pas ?

J’accède à autre chose.

Next level.

Je sui s tout et son contraire.

Folle de bonheur et trop pleine de larmes.

Je n’adhère pas aux clichés, je m’attends à du bon et du mauvais.

Je suis ouverte, je n’ai pas décidé de ce que j’allais vivre ou ressentir à l’avance.

Je ne suis pas à l’affût non plus, juste totalement disponible pour la suite.

Ce qui est déjà un miracle me concernant.

J’ai hâte de la voir parce que je l’aime déjà  d’un amour dont je me suis crue longtemps incapable.

Je tiens à ce qu’elle reste encore en moi ces quelques jours pour savourer mes derniers moments en terrain connu, avant de basculer ailleurs.

Je n’ai aucune peur, et je suis terrifiée.

J’ai confiance en elle, et en moi, je suis une guerrière.

Je n’ai pas peur de l’accouchement, je suis forte à la douleur.

La seconde d’après j’imagine que je ne serais pas à la hauteur, qu’elle pourrait ne pas aller bien.

J’entends les horreurs qu’on me raconte, le manque de sommeil, le stress, l’inconfort des jours qui suivent la naissance…

Je ne les nie pas.

Je ne les ignore pas.

Je serais plus forte et je ferais mieux que les autres.

Bien sûr, ce n’est pas vrai, mais cette conviction est ma compagne la plus précieuse pour donner à ma fille la mère qu’elle mérite d’avoir.

Puisqu’elle a déjà le père qui la protégera.

J’ai  cette lubie débile de vouloir que ma fille soit Sagittaire, je le lui ai dit.

C’est à partir du 23 novembre.

Je sais qu’elle m’a entendue, je sais qu’elle le sait.

Qu’elle sait que c’est débile.

Elle me l’accordera, ou pas. Elle choisira.

Je crois que oui, car je pense qu’elle ne viendra pas avant mardi.

Peut-être même  mardi.

Elle viendra quand elle voudra.

Moi, j’ai rempli ma part de ce contrat-là, je l’ai menée à terme, j’ai rué dans les brancards, mué, parfois, souvent dans la souffrance, j’ai grandi.

Il ne me reste plus qu’à accoucher d’elle, et ça, j’ai hâte de le faire activement, avec ou sans douleur, qu’elle naisse, soit, mais que je la mette au monde.

Je suis devenue mère, bordel.

Viens quand tu veux, je suis prête.

Nous sommes prêts.

Imparfaits, mais déjà meilleurs.

Et tellement impatients de te rencontrer, enfin, que nous n’arrivons pas à croire que ça va arriver.

D’ici 8 jours…

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