Je refuse d’être triste quand il s’absente, pourtant je le suis souvent, de n’être sourire qu’en sa présence. Je me fais même croire que j’y suis indifférente, que je ne l’aime pas. Pourtant, quand il arrive au petit matin, après quelques jours d’absence, je l’accueille avec plaisir, je me blottis contre lui, je lui présente tout mon corps.
Il m’enveloppe, il me séduit, je me laisse aller. J’accumule des réserves pour les jours où il repartira. Parce qu’il repart. Trop souvent. Je voudrais ne pas lui en vouloir, mais je lui en veux. Je voudrais ne pas tant l’attendre. Certains jours, même présent, il est distant, il me regarde à peine. Je m’en veux de succomber au moindre de ses retours. J’essaie d’être froide et calculatrice, de compter ce qu’il me doit, de lui reprocher ses déficits.
Parfois, n’en pouvant plus de l’attendre, je vais le rejoindre, là où il est, comme on rejoint un homme marié, je m’abaisse à toutes les demandes : de revenir, de rester plus longtemps.
Parfois, au bord d’une plage, il réussit encore à m’émouvoir, à me faire pleurer tellement je l’aime.
Et quand il repart vers d’autres cieux, je me promets de ne plus tant l’aimer.
Le soleil, mon amant attendu.
(source photo: Claude Lamarche)