Magazine Journal intime

Quand les reboostants me font un effet bœuf

Publié le 18 novembre 2010 par Anaïs Valente

(Billet écrit en septembre, depuis, j'ai terminé ma cure, suis tombée malade ah ah ah, et suis redevenue stressée de la mort)

Vous le savez, j’en ai parlé, je prends trois tonnes de reboostants chaque matin, au point que je me lève dix minutes plus tôt pour avoir le temps de sortir chaque petite pilule de sa boîte, de casser chaque ampoule et tutti quanti.

Le rituel est immuable :

Je commence par avaler.

Et pour ce faire, j’ai décidé de ne pas remettre à plus tard les tâches les plus difficiles, comment ça s’appelle déjà faire ça, y’a un verbe bizarre pour ça, qui veut dire ne pas remettre à demain patati patata… allez, ça va me reviendre… Tintinnabuler ?  Non.  Tergiverser ?  Non.  Procrastiner ?  Ouiiiiiiiiiii (merci google, shame on me pour mon inculture). 

Donc je ne procrastine pas, et je commence par le pire :

« L’opération pilules ».

D’abord, la pilule jaune. La pire du pire.  Celle qui se met toujours de biais dans la gorge pour bien m’arracher les amygdales, la garce.  Je l’avale d’une énorme goulée d’eau tiède.  J’ai constaté qu’avec l’eau tiède ça passe mieux qu’avec l’eau glacée, peut-être car cette dernière contracte le gosier.

Ensuite, les petites gélules roses et blanches.  Normalement, ça passe.  Parfois, ça colle.  Alors j’avale de l’eau à qui mieux mieux.

Je termine par les deux blanches, qui accrochent un tantinet, mais pas trop, tant que je prends beaucoup d’eau.

Tout ça dure bien cinq bonne minutes, car entre chaque prise, je dois respirer, tenter de me convaincre que ce que je sens, là, au diaphragme, c’est l’angoisse de l’avalage et pas le médoc qui est définitivement coincé, même qu’il va provoquer une infection fulgurante et que je mourrai d’une gangrène gazeuse du diaphragme et que je serai le seul cas au monde et qu’on appellera ça le syndrome Anaïs Valente.

Après tout ça, je vais faire trois fois pipi pour éliminer les deux litres d’eau qui ont servi à avaler ces dix médicaments.  Nan, je rigole, pas dix médicaments.  Le matin c’est le jeune, deux blancs, un rose et blanc.  Le midi un rose et blanc.  Le soir trois rose et blanc, deux blancs.  Tout ça c’est que du naturel hein, ne sortez pas votre loupe, c’est pas des pilules magiques qui font voir la vie en rose, c’est pas de l’ecstasy, c’est pas du viagra féminin non plus, c’est que de la plante miraculeuse ma bonne Dame.

Ensuite vient l’opération « ampoules ».

Au début de ma cure d’intoxication aux plantes miraculeuses, je séparais bien les ampoules. Je commençais par la meilleure, celle qui a un goût d’orange, enfin d’orange plus très bonne.  Ensuite, je m’infligeais le supplice de celle qui a un goût de poubelle, enfin de poubelle pas très propre, et qui me rappelle mon enfance (maman, m’as-tu fait boire ces trucs quand j’étais môme ?).  Je me ruais par après sur la petite ampoule au goût de métal, pour terminer par celle en plastique dont le contenu a autant de goût que de couleur, savoir que dalle, pas de goût, pas d’odeur, pas de couleur, à croire que c’est de l’eau. 

A chaque ampoule, donc, j’ajoutais un peu d’eau (je l’avoue, du jus d’orange pour celle au goût de poubelle, car ils le conseillent sur la boîte et ça passe un chouia mieux), je buvais.  Puis j’allais refaire pipi bien sûr.

Puis je me suis dit que ça ne servait à rien d’avaler tout ça séparément d’affilée, que tout allait se mélanger dans mon pauvre estomac déprimé.

Donc maintenant je mélange tout dans mon verre et j’avale.  Je gagne ainsi trois minutes.

Ensuite, je pars bosser, l’estomac déjà plein.

Et la vessie déjà pleine, aussi.

Tout ça pour me redynamiser et être capable de bosser correctement, de vous écrire des bafouilles, d’écrire mes articles sérieux, d’avoir de nouveaux projets top secret, de lire, de zieuter la TV, de faire mon shopping, de ranger, nettoyer, balayer, astiquer.  Bref d’avoir une vie normale de célibattante sans m’endormir dès 9 heures du matin.  Le tout sans avoir des envies de meurtre en permanence, tant qu’à faire.

Et ça marche.  Maintenant chuis hyper zen quand je traverse la rue, même plus envie de crier des insultes à ceusses qui accélèrent en me voyant.  Même plus envie de lancer violemment mon sac contre la carrosserie.  Même plus de violence verbale à l’égard des clients hystériques. Même plus envie de siester à toute heure du jour et de la nuit. Je suis zeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeen.  Et dynamiiiiiiiiiiiiiik.  Le tout en même temps.  Limite si je vous pas des papillons roses et des éléphants bleus, ou l’inverse, partout où je passe. J’aime tout le monde, là, d’un coup d’un seul.

Un miracle miraculeusement miraculeux que ces potions magiquement magiques, je vous prie de me croire.

IMG_2029.jpg


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossiers Paperblog