J'ai toujours été très sensible au charme des ruines. Mais je n'ai malheureusement pas les facilités d'un Hubert Robert ou d'un Piranèse. Je dois me contenter de ce que je trouve. Gamin
déjà, j'allais traîner des après-midi entières avec mon ami Jean-François dans l'hôpital abandonné qui occupait des hectares au centre même de notre petite ville ; il offrait un cadre
fantastique à nos imaginations romanesques et morbides qui prenaient feu dès que nous en franchissions le seuil.
J'ai eu un choc quand je suis arrivé au CDDP du Bourget, où devaient se dérouler les trois journées de mon stage. La bibliothèque et les salles de conférence se sont blotties dans une aile d'un
vaste bâtiment dont tout le reste est demeuré à l'abandon depuis des années. C'était, apparemment, un collège ou un lycée, transformé sur le tard en IUFM ; aujourd'hui, il ne reste pratiquement
plus que les murs et des débris. J'ai consacré mes pauses déjeuner à explorer l'endroit. Saisissement. On se croirait dans une version banlieusarde de Je suis une légende, après la
disparition de l'humanité. On a envie d'en faire une métaphore, sans trop oser dire de quoi.