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Nebraska - Comme dans un rêve...

Publié le 23 novembre 2010 par Les Alluvions.com
Kiiné prend alors la parole :
- Bonjour, Laurent. Voici Sarskia. Je sors enfin de sous le lit, satisfait d'avoir retrouvé mon crayon et scrute cette jeune femme. Son visage ne me dit pas grand-chose si ce n'est qu'il se marie très bien avec son sourire. Je regarde Kiiné, impatient de savoir la suite de son histoire, mais personne ne dit plus rien dans cette chambre. L'ambiance est lourde, Nill s'est même arrêté de zapper et attends, impatient, que le jeune infirmier vietnamien tue dans l’œuf ce « Voici Sarskia « et annonce clairement ce que cette jeune femme vient foutre ici. C'est elle qui, la première, tente de mettre fin à ce suspense :
- Je suis Sarskia.
Deuxième vague de chaleur. Rien n'avance dans cette histoire et les quelques mouches que Kiiné a ramenées avec lui semblent s'être arrêtées de voler quelques instants afin de suivre cette histoire étrange où rien ne se passe. L'ambiance est tendue, car les trois regards sont maintenant fixés sur moi, attendant une réponse rapide qui délivrerait les plateaux-repas s'entrechoquant d'impatience dans le couloir.
- Te souviens-tu de moi, Laurent ?
- Non.
Troisième et dernière vague de chaleur. Les mouches, déçues par l'acteur principal refusant de replonger dans ses souvenirs, se tirent par l’entrebâillement de la fenêtre. Nill est stupéfait ! Il s'attendait sûrement à de belles retrouvailles avec embrassades larmoyantes à l'appui, mais devant ma réponse négative et surtout froide, il se replonge dans son documentaire télévisé consacré aux girafes ; quant à Kiiné, c'est un chariot où sont posés nos plateaux-repas qui va l'écarter de la discussion en le poussant tout d'abord, puis l'acculer définitivement dans un des couloirs extérieurs à la chambre.
C'est hamburger français et haricots verts pour le dîner. J'invite Sarskia à venir s'asseoir près de moi et lui propose la moitié de mon repas. Elle refuse, prétextant un petit-déjeuner pris bien trop tard dans la journée. Alors que nous nous apprêtons à engager une conversation à propos de Yipeepee, Nill s'écrie
- UN HAMBURGER FRANÇAIS ? VOUS VOUS FICHEZ DE QUI MESDAMES ! POURQUOI PAS UN SANDWICHE AUX CHOUX DE BRUXELLES ? UN PANINI AUX SALSIFIS ! Remballez moi vos merdes, je mangerai au distributeur se trouvant dans le hall.
Sarskia ne peut s'empêcher de rire, mais Nill tient à s'excuser d'avoir été autant grossier en notre présence. Je souris et ajoute :
- Tu vois Nill, je te donne raison et je vais même vous expliquer à Sarskia et à toi comment les chefs-cuisiniers-nombrilistes-français obtiennent leurs étoiles.
D'un coup, Sarskia semble excitée et Nill brûle d'impatience de connaître la suite :
- Alors, pour la première étoile, il leur suffit de décolorer quelques carottes... en bleu par exemple.
- INCROYABLE ! s'écrie Nill.
- Pour la deuxième, il doivent réussir à les vendre aux environs de 55 euros l'assiette, à des clients parisiens...
- My God ! Soupire Sarskia.
- Et pour la troisième étoile, c'est simple. Ils doivent exporter et convaincre les japonais que la carotte bleue est réputée pour ses vertus de longévité. Et c'est là que ça se corse...
- Ah ? Et la quatrième étoile ? me demande Nill.
- Il n'y a pas de « quatrième étoile » comme tu dis, Nill. Une fois le produit exporté, les bridés se démerdent à le vendre en poudre...dans je ne sais quoi...dans du thé rouge par exemple...Puis ils le refourgue aux indonésiens qui le revendent aux Chinois ; les Chinois estampillent le sachet de thé ' Yunann spécial régime" et les Françaises se jettent dessus.

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