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Je est un autre

Publié le 23 novembre 2010 par Almiragulsh @DBEDF

Je est un autre

moi et la famille


Au lycée, j'étais hyper forte en philo, même si c'était le cours pendant lequel je préférais faire la sieste. Mais ça n'est pas le propos.
Le propos, c'est que j'aime beaucoup tenir un blog (ça et enfoncer les portes ouvertes).  Ça me permet de m'exprimer et de me lâcher (et d'ouvrir des portes fermées pour pouvoir les enfoncer plus efficacement). Sauf que cracher sur la concierge, le facteur, la boulangère et Bertrude, je risque de retrouver un tas d'ordures devant ma porte, de n'avoir plus que des croissants trop cuits, des recommandés de cabinets d'huissiers dans ma boite aux lettres, et de me retrouver sans amis et donc sans rien à raconter. Problématique donc.
Heureusement, grâce à la magie de l'internet, il existe une solution: l'identité secrète. Un peu à la Bruce Wayne (mais sans la batmobile), Clark Kent (mais sans le slip rouge), ou Peter Parker (sans les trucs chelous qui te giclent des poignets). Evidemment, le blogueur qui use d'une identité secrète n'a pas de super pouvoir, il ne peut ni voir au travers des habits des gens (ce qui lui permettrait de devenir agent de sécurité dans les aéroports un peu les doigts dans le nez, non négligeable quand on voit à quel point il est difficile de dégotter un job de nos jours), ni même retrouver les clefs-lunettes-chargeurs d'ipod perdus (probablement le super-pouvoir le plus pratique et le plus cool du monde). Malgré tout, avoir une identité secrète a quelques avantages:
Jamais je ne connaîtrais les drames de la célébrité à outrance telle que celle d'un Anthony Delon, d'une Lorie, d'une Chimène Badi ou d'un Jean Luc Lahaye (si si, souviens toi). Si mes fesses sont clafies de cellulite ou si je rentre mon jogging dans mes bottes à haut talon, tout le monde s'en tamponnera. Je peux bronzer les tétés à l'air l'été à Palavas les flots, acheter 87 tests de grossesse, et arrêter mon régime hyper glucidique, ça ne fera jamais la une de Public, puisque personne sait qui je suis. Et même si je te raconte comment je me suis gracieusement éclaté le coccyx en dérapant sur un étron canin, et que tu as toi même vu une jeune péronelle faire exactement la même chose pas plus tard que ce matin, tu pourras jamais faire le rapprochement avec moi.
Je peux mentir effrontément, enjoliver la réalité. Dire que j'ai mon permis poids lourd, que je parle russe couramment, que je réussis très très bien le kouglof, que je suis imbattable en ping-pong, que je suis allergique au foie de veau, que j'ai vu American Pie sept fois, que j'arrive sans difficulté à mettre mon pied derrière ma tête, que j'ai un accent de cagole à couper au couteau, que j'ai des seins énormes, que j'ai les pieds palmés, qu'en vrai je suis pas marrante. De toute façons, il n'y a que très peu de manières de vérifier. Si je te dis que je chausse du 38, tu seras obligée de me croire sur parole. Si je te dis que je voue un culte sans limites aux choux de Bruxelles, tu seras obligé d'opiner en silence. Si je te raconte que j'ai pécho Jude Law à l'ombre d'une porte cochère et qu'on s'est mutuellement mangé la glotte, tu pourras douter, mais tu n'auras jamais le fin mot de l'histoire. Pareil si je te dis que les sextos de Tony Parker, c'était à moi qu'ils étaient destinés (il m'a dit que j'été bone é kil kifferé grav me fair pouet pouet Kmion).
Par contre, tout comme Clark Kent aurait trop kiffé pouvoir dire à cette cochonne de Lois Lane qu'il était Superman (ce qui aurait grandement facilité sa vie sexuelle), il est parfois difficile de composer avec son double (mais l'avantage c'est que ça n'a a priori aucune incidence sur ma sexualité).
Déjà, mon double est bien plus intéressant, drôle et funky que moi. Ouais, Almira s'est peut être tapé Jude et foutu le feu au slip de Tony Parker (pour rigoler, Almira est peut être une baraque à frite, mais de là à se faire TP...), moi par contre, au mieux je me suis tapé la vaisselle, et j'ai grave chauffé la lessive. Chacune ses priorités.
Ensuite, garder secret son Alter Ego numérique, c'est parfois bien difficile. Surtout quand Almira a l'air tellement décomplexée du slip, et libre dans sa tête, et qu'à moi on me dit que vraiment en ce moment, je suis vraiment pas rigolote. Oui, effectivement passer ses journées sur le site du pôle emploi en boulottant des oursons à la guimauve n'est pas ce qu'on pourrait qualifier de palpitant. Et ben là, j'ai envie de hurler "ben si! TADAAAAAA, et si en vrai je suis HYPER COOL, puisque j'ai un BLOG!" Et alors là, c'est le début de la fin des haricots. Déjà, je passerai pour une folle hystérique qui parle BEAUCOUP TROP FORT (ce qui n'est certes pas bien éloigné de la réalité), et puis plus je parle d'Almira IRL, moins je peux parler d'IRL chez Almira (oui, cette phrase, bien que teintée de schizophrénie est tout à fait correcte grammaticalement parlant). Imagine un peu que je donne l'adresse de mon blog au voisin, jamais je pourrais dire ici qu'il à une tête de vielle semelle, que son chien est laid et que ses techniques de dragues sont juste incroyablement minables. Adieu ma belle liberté d'expression...
Tout ça pour dire que maintenant, je vois très bien ce que pouvais ressentir Zorro, et que je comprend mieux pourquoi c'est Bernardo le muet qu'il a choisi comme comparse. Pour dire aussi que si tu croyaisque ça allait parler de Rimbaud ici, tu t'es clairement trompé d'adresse.
Allez, faut que j'y aille, j'ai une greffe de rein à faire sur un bébé panda.

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