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Lettre. Lettre d’amour ?

Publié le 24 novembre 2010 par Addiction2010

Parfois, j’essaie de me convaincre que tout cela n’a jamais existé, que nous ne nous sommes jamais dit « je t’aime », que jamais tu ne m’as regardé tendrement en prononçant ces mots. Je me répète que tout cela n’a été qu’illusion, que même si nous avons dit ces mots, même si nous y avons cru, ce n’était qu’apparence. Je voudrais croire que nos sentiments ont été trompés, que ce sont les circonstances, nos solitudes, nos malheurs, qui nous ont rapprochés au point de nous faire croire un temps à un avenir commun. C’est toi qui t’es réveillée la première. Tu avais un avantage sur moi : tu pouvais parler de ce rêve à des personnes qui voyaient bien que cet amour était impossible. Les as-tu écoutées ? Que signifiait alors ton dernier « je t’aime » au début de l’été, quand tu me demandais de te rejoindre dans un message que je ne vis que bien trop tard. Que signifiait alors ta fuite à Cannes ? Nous ne nous sommes plus retrouvés ensuite. Nous sommes parfois passés tout près, tu le sais autant que moi, même si tu m’as parfois affirmé le contraire. Mais à quoi bon réveiller les illusions ?

Quand je pense à toi, quand le monde s’effondre devant moi, je sais pourtant que mon amour était réel, et que le tien l’était aussi. Sans doute t’es tu convaincue de ne m’avoir jamais aimé. Sans doute m’as-tu dit que depuis, tu vivais un véritable amour et que tu voyais bien la différence. Pourtant, tu as aimé avant moi et tu savais bien reconnaître l’amour. A quoi bon le nier, tu m’as aimé et je n’ai pas été capable de le voir assez au moment où tu me le montrais. Rappelle toi ce jour terrible. Rappelle toi encore ce soir où nous mangeâmes de si mauvaises pizzas. Ces jours là, l’amour nous unissait. Nous nous sommes si mal aimés. Je sais maintenant que je t’ai fait souffrir en n’étant pas là quand tu me demandais de te rejoindre. Je sais maintenant ce que j’ai manqué.

Il est trop tard, beaucoup trop tard. Ton cœur n’est plus à moi. J’ai malgré tout la faiblesse d’espérer que tu y as gardé une petite place pour celui qui fut ton vieil amant, gentil peut-être, mais incapable de te satisfaire comme tu l’espérais. Je sais que ces mots, que tu ne liras pas, sont inutiles. Oui, je sais que jamais plus nous ne serons couchés au creux d’un même lit, que jamais plus nous ne serons assis ensemble à simplement regarder un mauvais film, tes jambes posées sur les miennes. Je sais que jamais plus tu ne prépareras une sauce kopé que nous mangerons ensemble. Je sais que nous ne regarderons jamais un enfant d’une jolie couleur en sachant que c’est le nôtre. Quelquefois, j’ajoute « probablement » à mon « jamais plus », cela me donne courage mais c’est inutile. Nous ne nous retrouverons pas, plus comme çà. Tu vois, ce qui me manque vraiment, ce ne sont pas ces moments passés au lit, ces jeux auxquels nous nous livrions. Non, ce qui me manque vraiment, ce sont les après-midi que nous avons passés ensemble, à ne rien faire, à rester là. Ce qui me manque, c’est cette fois où tu m’as laissé tes clefs pour que je fasse le ménage chez toi, cette fois où tu m’as fait venir te chercher gare de l’est, et toutes ces fois où je t’ai conduite chez une amie, une cousine ou même, la dernière, chez cette vague parente que tu connaissais à peine et qui allait te permettre de ne plus avoir une vie repoussante. Oui, c’est tout cela qui me manque vraiment.

Est-ce que je t’aime encore ? Qui sait ? Tu me manques. J’éprouve de la tendresse pour toi. Sans doute, si je te voyais, le désir serait-il ravivé mais cela, je peux l’oublier.

Pourquoi donc ai-je besoin d’écrire ces mots ? Il faut que je m’habitue à ton absence, car je sais que tu ne me reviendras pas. Je ne crois plus aux miracles. Sais tu que j’ai imploré Dieu de te ramener à moi. Mais a-t-il un cœur ? Ou peut-être sait il mieux que moi, mieux que toi, ce qui doit être. Je prierai encore, moi qui ne crois guère en lui. Rappelle toi ce samedi où je t’ai retrouvée avec cette orchidée un peu ridicule, rappelle toi ce que je t’ai dit de ma rencontre avec Dieu. Cela s’est vraiment passé, et ce jour là, je lui ai vraiment demandé de t’aider, toi. Parfois, je me dis qu’il m’a écouté et qu’il a guidé tout ce qui s’est passé ensuite. Tout. Je crois que tu comprendrais ce que je veux dire. Tout, y compris ce dont je n’ai pas le souvenir et qui a fini de nous tuer.

Il faut encore que j’ajoute quelques mots, à propos de ce roman dont notre histoire est la trame. Je l’ai repris, je veux le corriger, l’éloigner de nous, mais cela m’oblige à revivre des moments que nous avons partagés. C’est peut-être pour cela que je pense tant à toi ces jours ci. Je sais que ce roman ne sera jamais un livre, mais l’ai-je jamais voulu ? Tu as été la première à pouvoir le lire, mais l’as-tu lu ? De toute manière, ce que tu as eu entre les mains n’était qu’un mauvais brouillon. Je l’ai hélas envoyé à un éditeur dans cet état. J’attends toujours sa lettre de refus. Elle viendra et mon roman continuera de vivre, dans mon cœur et sur internet. Ne t’inquiète pas, on ne te reconnaîtra pas, cela n’aura pas d’influence sur ta vie, sur ta vie qui n’est plus repoussante et dont je suis absent.

Et puis, une dernière fois, ou simplement encore une fois, je t’aime. Comprends ce que tu voudras.


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