Choses vues

Choses vues: j'y arrivais. Je n'y arrive plus. Noter rapidement ce que je voyais quand j'étais dans le train, dans un bus.
Une jeune fille en veste de cuir brun avec une longue frange et un visage moucheté qui tient la main d’un type blond aux cheveux très courts, l'air dur, coincé entre la colère et la dépression. Près d'eux un provocateur piercé dont les sourcils sont complètement rasés écoute de la musique très fort dans ses écouteurs...
J'aimais ces descriptions courtes sur mon carnet. C'était une manière de m'occuper. Il y avait le goût des mots sur le papier, la jouissance aussi de saisir quelque chose dans les éclats du monde.
Mais à force est venue l'impression que ça se répète. Les mêmes gens, les mêmes trajets, les mêmes phrases.
Il n'y a pas toujours, comme en ce moment-ci précisément, le soleil qui perce soudain la couche de brouillard et donne le sentiment que quelque chose peut être sauvé.