Le récit d’un accouchement aux bluets

Publié le 27 novembre 2010 par Madameparle

Cette semaine je laisse la place à « grandboulevard » qui nous raconte la naissance de sa puce

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??J’avais arrêté le boulot à 6 mois de grossesse. Des semaines de 50h+ 1h30 de métro + un déménagement… avaient eu raison de notre santé à bébé comme à moi.
J’étais à l’époque complètement déconnectée de ma grossesse et c’est presque inconsciemment, instinctivement ?, que je suis allé aux urgences de la mater (les Bluets) un soir parce que je ressentais une fois de plus des grosses douleurs ligamentaires dans mon bassin.
La sage-femme ce soir-là a stoppé net mon délire de wonderwoman.Bébé était trop bas, il fallait rester alitée.
Grâce à elle (et chéri, qui fait tout à la maison) j’ai vecu une grossesse super épanouie.
C’est ainsi que j’ai pu suivre tranquillement ma préparation à l’accouchement ainsi que de la sophro et du yoga, tout ca à la maternité des Bluets. Et croyez-moi l’anxieuse hypocondriaque que je suis aurait eu bien du mal sans préparation. Et vous allez le constater la suite des événements me donnent raison.
Mais venons en aux faits :

On est à J-1 de la DPA.
Le pré-travail avait commencé 48h plus tôt
Je revenais d’une journée jalonnée par une séance d’acupuncture (l’occasion d’apprendre que mon col était à un) suivie de la séance de yoga (déjà pratiqué la veille).Tout ca avec mes petites contractions…
A la fin du cours, je sais que les contractions se sont intensifiées et un liquide très clair s’est échappé en grande quantité.Je suis trempée hum.

Je passe du coup aux urgences même si je ne suis pas très sûre de perdre les eaux. Après tout je suis sur place.
Il y avait beaucoup de monde et une seule maman en travail (on les reconnait).
Constatant la foule, je décide d’aller à la cafet manger un bon gros sandwich spécial marathon à venir, au cas où. Je reste dans le jardinet ensoleillé une petite heure à pratiquer la respiration yogi, le « om » comme au cours.Celui-ci permet de se concentrer sur sa respiration et évite surtout de se focaliser sur la douleur.
Puis je remonte aux urgences où il y a toujours du monde et je décide de m’isoler dans le couloir des fiv pour pouvoir poursuivre le « om » salvateur tandis que les contractions se font plus fortes (elles auraient déjà été plus inquiétantes si je ne m’étais pas concentrer sur le « om ». Ainsi je maitrisais, distrayais, apaisais ? mes angoisses).
J’annonce au personnel que je viens pour une probable perte des eaux et on me fait entrer au bout d’une demi-heure.
Dés lors je suis placée en salle de travail et ne suis auscultée, monitorée, qu’une heure après.
Honnêtement ca ne m’a pas gênée, j’étais déjà rassurée d’être dans les murs de la clinique et mon chéri a eu le temps de me rejoindre avec la valise. Je sais que je gagne du temps, que le travail se fait et qu’il faut se concentrer sur la respiration.
Le monitoring et la vérification du col m’annonce une mauvaise nouvelle : je ne suis qu’à deux et la poche des eaux n’a pas rompu.
J’angoisse un peu : avec cet établissement hyper-booké je me vois déjà rentrer à la maison pour revenir quelques heures plus tard. SIC
La SF me prévient qu’il va falloir libérer cette salle de travail pour un accouchement imminent.
Par miracle elle me propose la baignoire. Je suis ravie.
Il est alors 18h30 et les contractions vont très vite s’accélérer et s’intensifier. La chaleur de l’eau et l’absence d’apesanteur sont très bénéfiques sur le travail et l’apaisement qui m’est nécessaire d’avoir pour se concentrer sur ma respiration. Je suis restée trois/quatre heures dans l’eau seule avec chéri (dont le rôle se réduisait à remettre de l’eau chaude à ma demande, les rares fois où je lui adressais la parole, respiration oblige) toujours accroupie ou à quatre pattes les mains accrochées aux rebords ou aux poignées.
A un moment j’ai appelé une SF pour qu’on sache où j’en étais. Déception encore, mon col n’était ouvert qu’à 3. On envisage néanmoins la péridurale. Mais par curiosité (étonnant d’éprouver de la curiosité à ce moment-là tout-de-même, surtout vue mon projet d’origine : tout faire pour ne pas souffrir !), je souhaite continuer un petit peu encore.
Trois-quart d’heure plus tard, je me rends compte que ma respiration s’emballe et que j’ai bien du mal à trouver ces contractions envahissantes si bienvenues. Je rappelle la SF mais c’est une autre personne qui intervient et celle-ci sans m’ausculter m’annonce qu’il est trop tôt pour une péri (glups). Pourtant, j’ai mal, je m’emballe et sais d’avance que je ne vais pas pouvoir tenir. On négocie un cinquante/cinquante (enfin négocier est un bien grand mot puisque je ne suis pas en mesure de parler) et je dois encore patienter vingt minutes. (je saurais bien plus tard que l’anesthésiste était au bloc et pas tout-de-suite dispo).
Au terme des 20mn je rappelle une SF, je retrouve alors la précédente et réclame à corps et à cri la péri qu’elle m’accorde sans négocier de temps (ca se fera ensuite, la perfide).
Je finis par comprendre pourquoi je m’emballe : si je ne fais plus ma respiration, c’est parce que j’ai très envie de pousser. Et plutôt que de combattre, je m’y mets. L’acte me rassure un peu.
Mais la grosse difficulté c’est de quitter la baignoire pour rejoindre la salle de travail. Je suis fébrile et je vomis dès mon arrivée sur le lit.
La pose de la péri a eu lieux une-demi heure plus tard (il est très demander ce Monsieur). Elle s’est fait en un clin d’œil et a très vite été efficace. Heureusement car entre temps la poche des eaux s’était rompue accélérant encore le travail. La SF constate alors que mon col est… à 10 : cqfd, voilà pourquoi je poussais… tout ca en moins de quatre heures…
Là même si la douleur se calme je crains que la péri ne stoppe le travail.
Il n’en sera rien. Cette derrière est peu dosée et très vite l’envie de pousser se fait  impérialement ressentir. (pour info je n’ai pas eu d’injections d’ocytocine)
Le bébé descend rapidement dans mon bassin. Je suis toujours à quatre pattes, un vrai petit animal avec toute mon énergie concentrée sur l’expulsion.
Mais au bout d’un moment la SF constate que la tête de bébé n’avance plus, mon périnée lui fait barrière car trop tonique.
Elle me fait essayer sur le côté mais la douleur est vive et je pousse moins bien.
Contrit, elle  m’annonce que nous risquons d’utiliser les cuillères. Elle les prépare puis se ravise et me propose d’essayer sur le dos, les pieds dans les étriers. Le bébé ne fatigue pas donc nous pouvons encore tenter de nouvelles postures. Moi je fatigue clairement, le moral dans les chaussettes, il est presque 1h30 et je pousse depuis une heure et quart, franchement RLB.
Le reste du personnel soignant des urgences se joint alors à nous (il n’y a presque plus d’accouchement en cours). Chacune  sa fonction, l’une huile le périnée et le masse pour l’assouplir, l’autre l’humidifie avec un brumisateur, deux autres me soutiennent les jambes pour favoriser la poussée tandis qu’une autre appuie (doucement mais surement) sur mon ventre. Une dernière enfin me parle pour réguler ma respiration et me motiver.
Et le miracle a lieu : Bébé est sorti en quelques poussées. J’ai pu sentir sa tête, la voir avec un miroir, puis réceptionner ma puce toute chaude sur mon ventre.
Le placenta est venu dans  la minute et je n’ai été que très superficiellement déchirée.

Le personnel hospitalier nous a laissé tous les trois une bonne heure tranquilles avant de nous descendre en chambre.
Chéri et moi étions hébétés, stupéfaits, ivres d’allégresse.
Ce qui est fou c’est que je n’osais pas manipulée ma fille de peur de la brusquer. Du coup, je la sentais contre moi mais la voyais à peine, même pour la première tétée.
Mais je m’en fichais, nous allions avoir tout le temps pour faire connaissance.

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Si vous aussi avez envie de partager votre récit vous pouvez me l’envoyer à madameparle@yahoo.fr

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