« Le dimanche, on lit au lit ».
Lire le récit de Natascha Kampusch, est-ce du voyeurisme ? De la curiosité malsaine ? Je me suis posé la question. Et j’ignore la réponse.
Ce que je sais, c’est que si elle a éprouvé le besoin de l’écrire, j’imagine qu’elle apprécie le fait qu’il soit lu.
Alors je l’ai lu.
Et j’ai découvert l’enfer de ces 3096 jours. Un enfer digne d’un thriller. Dont on connait la fin, mais tout de même un thriller. Le lire se lit en tout cas comme tel, avec une tension et une angoisse qui va crescendo, mais pas seulement.
Il permet surtout une meilleure compréhension de la relation étrange qui s’était instaurée entre Natascha et son kidnappeur, seul être humain qu’elle a côtoyé durant tant d’années, auquel, malgré tout, malgré la peur et la haine, elle était attachée. Il permet de comprendre les mécanismes qu’elle a mis en place pour survivre à tout ce qu’elle a subi : la faim permanente, les tortures physiques incroyables, l’esclavage quotidien, la manipulation mentale ignoble. Elle a tenu le coup, presque miraculeusement, par sa force de caractère, la promesse qu’elle s’était faite de s’en sortir à dix-huit ans, ce qu’elle fit, par ses souvenirs, ses lectures, son journal et par une volonté farouche de survivre à tout. 3096 jours, permet d’imaginer son quotidien stupéfiant (mais pourtant si horriblement vrai) pendant toutes ces années. Il permet de comprendre pourquoi elle n’a pas fui lors des quelques occasions qu’elle a eues avant ce 3096e jour, où elle a enfin osé franchir le pas. Il permet d’analyser la tactique du ravisseur pour l’enchaîner à elle, sans chaînes. Il permet de comprendre que le pardon fut et est encore son salut. Il permet de comprendre l’incompréhensible : qu’elle ait survécu à Prikopil.
Et enfin, il fait naître une angoisse énorme, tellement énorme. Ou une empathie. Peu importe le nom. Le ressenti est incroyable durant toute la lecture.
J’ai eu peur, comme elle, de mourir étouffée par une peau de saucisson, seule, dans ma cache. J’ai été angoissée, comme elle, de mourir de faim et de soif si le kidnappeur décédait là-haut. J’ai eu l’impression, comme elle, d’être dans Truman show, tant la réalité semblait irréelle face au monde créé par le ravisseur. J’ai imaginé, comme elle, durant les premiers jours qui ont suivi l’enlèvement, le quart d’heure de gloire qui suivrait la libération par les forces de l’ordre.
Par ce livre, Natascha demande une seule chose : qu’on accepte que Prikopil ait fait partie de sa vie, que cette vie ne fut pas que souffrance, car elle a eu certains bons moments, qu’on accepte la façon dont elle a géré au mieux le quotidien, tout simplement pour y survivre, qu’on ne la juge pas, qu’on comprenne qu’elle ait pardonné, qu’on la laisse tranquille (car oui, elle a subi menaces et insultes une fois libre, incroyable mais vrai).
Pari gagné Natascha.
NB : Y’a juste un petit truc que je n’ai pas su exploiter dans ce livre : les codes magiques qui donnent accès à d’autres infos, codes qu’il faut scanner avec son gsm et transformer en adresses web. Nan, décidément, chuis trop blonde, ou alors j’ai pas un gsm capable de faire ça (l’occasion d’acheter un new one, si possible Hello Kitty ?)… Dommage, ça doit être vachement intéressant.