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L'homme aux pigeons

Publié le 27 novembre 2010 par Adamante

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L’hiver est déjà là

Hier la première neige

Aujourd’hui le froid

La grisaille

Paris

Son centre

Beaubourg après le restau

On musarde

Soudain une envolée de pigeons

Un homme est là

Un marginal comme on dit

Un que la société n’arrive pas à digérer

Et qu’elle crache sur les trottoirs

Ou sur les bancs du métro

Jusqu’à une certaine heure seulement

Quel âge a-t-il ?

Difficile à dire

Il manque de l’essentiel

Autrement dit de tout

D’un toit, de chaleur

Il pose

Certains le prennent en photo et partent

D’autres le regardent de travers

« saloperie de pigeons ! »

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Il leur donne des miettes de pain

Les pigeons

Il les regarde avec un magnifique sourire

Comme s’il les connaissait un à un

Eux s’approchent

Ils ne craignent pas les odeurs

Ils aiment la main qui leur donne à manger

Ils sont dans la même galère

S’il gèle, il leur faudra, comme lui, trouver un abri

Manger ça réchauffe !

J’ai bien mangé

Mais malgré mon manteau

Le vent s’acharne à me montrer la réalité du froid

Quand les pigeons s’envolent c’est impressionnant

Le ciel disparaît sous un rideau d’ailes

Lui, il gueule après ceux qui les dérangent

Mais les pigeons reviennent quasi instantanément

Moi je l’ai déjà pris en photo

J’attends une autre panique  pour un cliché

Je sais ce que je veux

Les pigeons, je les vois avec l’œil du photographe

Un bon sujet.

Lui a une gueule

Je n’aime pas d’habitude voler l’image des gens,

Il y a là-dedans quelque chose qui me gène,

Mais comme il semble se prêter au jeu…

J’attends

Quand on veut une image, il faut avoir de la patience

C’est la chasse

L’appareil est prêt

Ne manque plus que l’importun qui fera s’envoler la bande

Le voilà

Débandade, le ciel se couvre

C’est dans la boîte !

Je contrôle

Elle est bonne

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Je ne vais pas tirer ma révérence sans qu'il l'ait vue

On ne dispose pas de l’image des autres comme ça

Je m’approche et lui montre

Je lui dis que sur la photo on dirait qu’il a des ailes

Il me dit qu’il aimerait bien

Je prends soudain la mesure de son désarroi

Une inflexion

Une attitude

Il n’a pas toujours été à la rue…

Il a l’accent italien

Il regarde de nouveau la photo

« C’est dommage que je n’ai pas de domicile… »

Je n’osais pas lui poser la question

On a de ces retenues parfois !

Alors je lui demande s’il est souvent ici

« J’y suis tous les jours »

« Je vous apporterai une photo ! »

Il sourit

Je lui demande son prénom

« Giuseppe ! »

Je vous parle de Giuseppe

Il fait nuit

Je suis chez moi

Bien au chaud

Il peut geler cette nuit

Je ne crains rien...

©Adamante


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