| 27.11.10 | 14h00
Lors d'un récent séjour à Dublin, j'ai fait un tour à la National Gallery et vécu un vrai choc devant une toile du Caravage, L'Arrestation du Christ. S'y expriment des émotions aussi diverses qu'intenses. Lisant le tableau de gauche à droite : l'épouvante d'un disciple qui hurle, l'angoisse désespérée de Jésus, la veulerie et la cupidité de Judas qui l'embrasse, la joie sadique du soldat romain qui l'arrête... Un seul personnage est neutre : il s'agit d'un homme à l'arrière-plan à droite, qui tient tout haut une lanterne pour éclairer la scène. Or le visage de ce personnage illuminateur, observateur, curieux, attentif, présent, a les traits du Caravage lui-même. Et je me suis dit : oui, l'artiste ne peut être ni disciple ni soldat, ni Jésus ni Judas ; son rôle est de voir le bien et le mal, de les donner à voir, de les comprendre.