Les phases du deuil, mon cul (c’est du poulet)

Publié le 26 novembre 2010 par Anaïs Valente

J’ai toujours cru que quand les gens mourraient, le temps arrangeait les choses, comme on dit.

Ben oui, quoi, suffit de passer par les sacro-saintes phases de deuil, et youplaboum, ça va déjà boooocoup mieux non ?

Allez, une chtite phase de déni.  C’est nin possip, je peux pas y croire, c’est nin possip Dieu, c’est une hallucination hein ?  Et je me la joue Allison Dubois, je vois son fantôme partout partout partout.  J’en sursauterais presque.  C’est obsessionnel.

Puis une chtite phase de colère.  C’est nin possip, vous faites chier Dieu, j’étais pas prête, bordel, rien n’est réglé, et vous me laissez toute seule avec mes questions sans réponse et mes angoisses sans calmant. Je me la joue Chuck et Blair à la fois, engueulades sur engueulades, colères sur colères, ruptures sur ruptures.

Ensuite, chtite phase de marchandage.  C’est nin possip, keskon aurait pu faire pour l’éviter, pourquoi je l’ai pas senti venir, comme un souffle glacial, et si on revenait en arrière, hein, Dieu, zen dites quoi ?  Et je me la joue Adrianna prête à tout pour obtenir ce dont elle rêve.

Et puis la chtite phase dépression.  C’est nin possip, faut que je profite à fond de ma vie, elle peut s’arrêter n’importe quand… mais si elle s’arrête, à quoi bon en profiter du coup, à quoi bon vouloir avancer, autant s’arrêter carrément et attendre que Dieu, encore lui, accomplisse son œuvre et m’envoie six pieds sous terre.   Et je me la joue Cristina dépassée par les événements, totalement en état de choc.

Et enfin surgit la chtite phase acceptation.

Et celle-là, ben, c’est ça qui m’étonne, c’est la pire.  Sans doute car je ne parviens pas à l’atteindre, cette phase inaccessible, comme l’étoile du Grand Jacques.

Alors je fais comme dans la chanson, je mets du vieux pain sur mon balcon pour attirer les moineaux les pigeons (enfin dans mon cas, pas de pain, vous connaissez le topo, mais des graines pour moineaux) et je vis ma vie par procuration, devant mon poste de télévision.

(Attention gros gros spoilers séries télé, ne pas lire si vous n’êtes pas à jour niveau states, c’est risqué, je vous aurai préviendus)

Je regarde Damon faire enfin sa déclaration à sa belle, puis effacer sa mémoire.

Je regarde Karev traiter celle qui l’aime comme un chien, puis le regretter.

Je regarde Kitty enterrer son chéri, puis repartir dans la vie.

Je regarde la vie de Charlotte être détruite en quelques instants.

Je regarde Brooke perdre tout, sauf l’amour.

Je regarde Chuck ouvrir son cœur tendre, malgré les apparences.

Je regarde Bree tenter de renoncer à un bellâtre trop jeune pour elle.

Je regarde JJ être chassée de l’équipe.

Je regarde Silver se pâmer d’amour, en vain.

Je regarde l’époux d’Allison s’éloigner d’elle, pour mieux revenir ensuite.

Et je m’octroie le droit d’avoir des émotions.  Par procuration.  Je pleure, beaucoup.  Je ris, parfois.  J’aime, à l’occasion.  Je ressens, toujours.  Uniquement par procuration.

Car dans la vraie vie, c’est terminé.

Terminé.

C’est peut-être ça, l’acceptation…

(Je dédie ce billet à celles envoyées là-bas récemment à cause d’un putain de crabe, et pour qui j’ai eu une grosse grosse pensée en l’écrivant.)

Et un chtit dessin de Miss Minimo, parfaite illustration de mon état d'esprit du jour