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L'enfer, c'est les autres (la suite)

Publié le 02 décembre 2010 par Sophiel

Parce que certains d'entre vous souffrent d'une grande frustration, la suite de cette Nouvelle débutée ici. Vous l'aurez voulu...

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Parfois, il lui arrive de Lui parler. Elle ne s’attend pas à ce qu’Il lui réponde, les autres disent qu’Il écoute et que cela lui prend déjà tout son temps. Elle, personne ne l’écoute, pourtant, elle en a des choses à dire et à répondre. Alors, elle Lui parle, au moins ne l’interrompt-il pas.

Elle lui parle de ce qu’elle a dans la tête, de ces images qui surgissent, de ces pensées qui la traversent et dont elle a tant de mal à se défaire, du non-amour que les autres lui portent et qu’elle se sent incapable de rendre, de cet homme qui l’a prise, une fois, une seule fois, dont elle porte l’empreinte depuis quelques semaines déjà.

Elle sait ce qui est en train de lui arriver, elle n’est pas idiote. Elle l’a même senti au moment où cette chose s’est déversée en elle, s’emparant de son corps pour y faire son nid, sans y être invitée.

Elle le voulait, lui, pas ce qu’il lui a laissé.

Les autres disent que ces choses-là, c’est « un cadeau du ciel », alors, elle le scrute ce ciel, assise sur sa chaise derrière sa fenêtre, elle le défie du regard lui promettant qu’elle va le lui renvoyer son cadeau, ça Lui fera un ange de plus…

Elle se voûte, honteuse.

Et puis ce matin, à la sortie de la messe, alors que sa mère parlait avec le prêtre, elle s’est approchée de l’homme, celui qu’elle se plaît à appeler « son homme ». Il était là, fier et droit, tenant par la main une fillette brune et mate, d’à peine une dizaine d’années. A sa vue, la petite s’est serrée contre son père, craintive.

Elle s’est arrêtée un instant, hésitante, puis a repris son approche, grimaçant une espèce de sourire bizarre dont elle seule a le secret.

Dès qu’il l’a aperçue, l’homme s’est raidi. Il a murmuré quelques paroles à la fillette qui s’est éloignée à contrecœur.

Il a esquissé un geste pour la tenir à distance. Elle a obéi.

Sans un mot, elle a posé ses mains sur son ventre à peine gonflé, puis elle l’a longuement interrogé du regard, du visage, dans un silence qui vaut tous ces mots qu’elle ne connait pas.

« Va-t-en ! » a-t-il murmuré.

Elle n’a pas entendu, alors, elle a fait un pas avant.

« Va-t-en ! » a-t-il répété, plus fort.

Elle a ouvert la bouche de stupéfaction, elle a tendu les mains, paumes offertes au ciel, suppliante.

Il s’est détourné, il est parti rejoindre la petite fille qui lui a tiré la langue.

Son regard affolé a fait le tour de la place.

Sa vue s’est brouillée, son cœur s’est emballé, ses jambes se sont dérobées, elle s’est laissée glisser, sans un bruit, sans un cri.

Allongée sur le bitume, le liquide humide et chaud s’est insinué le long de ses jambes serrées.

Elle l’a laissé s’écouler tranquillement.

A défaut de lui répondre avec des mots, elle eu la certitude qu’Il l’avait écoutée.


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