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Chanson pour errer dans les couloirs d’une vieille école primaire.

Publié le 06 décembre 2010 par Routedenuit

Chanson pour errer dans les couloirs d’une vieille école primaire.

À l’époque de l’école de primaire, je portais des pantalons et des bermudas écossais. Des lunettes en plastique imitation écailles, des sandales bleues marines et une cagoule pour quand il faisait froid. À l’époque de l’école primaire, je disais à qui voulait l’entendre que je voulais être historien, parce qu’au moins, ça s’apprend dans les livres.

Le futur, ça fait un peu trop peur.

Je voulais être écrivain aussi, mais pas pour écrire des livres, pour avoir des lunettes et que les gens m’écoutent. Parce que c’est bien connu, tous les écrivains ont des lunettes, et on écoute toujours un écrivain quand il parle. On respecte les écrivains.

À l’époque de l’école primaire, je n’avais pas beaucoup d’amis. On se foutait souvent de moi à cause de mon prénom. Parce que « ça fait vieux, ça peut pas être ton vrai prénom ». On se moquait de moi parce que je ne savais pas m’y prendre avec les gens, jamais la blague qu’il faut, jamais le rire au bon moment. Personne ne voulait jouer au foot non plus, parce que ce n’était en principe pas un truc pour les intellos. Parce qu’à l’époque de l’école primaire, je savais déjà lire. On se foutait de moi parce que je ne savais rien des dessins animés du dimanche matin, rien des noms des joueurs de foot, rien de la musique du Hit Machine et des albums Panini.

Et puis j’aimais les choux de Bruxelles de la cantine.

Je suis resté à l’école primaire pendant tout mon collège, tout mon lycée. Jamais vraiment à ma place. La cible facile. Je n’avais qu’une envie. Que tout ça s’arrête, qu’on parte tous grandir dans des endroits différents pour faire des choses qui nous rendraient spéciaux. J’ai souvent du mal à comprendre ceux qui me disent maintenant qu’ils ont des souvenirs merveilleux de leurs écoles primaires, et qu’ils y retourneraient bien.

Dans cette chanson de Sparklehorse et PJ Harvey reprise par Mechanism for People, il y a toute la violence qu’on est pas capable de cracher à la gueule des méchants quand on a dix ans. Il y a toute la répartie qu’on n’a pas quand on ne sait pas ce que c’est que la vie des gens qui sont grands. Il y a toute l’amertume de ce qui ne sera jamais un bon souvenir.

Il y aussi toute la force, celle dont on a besoin pour ouvrir la fenêtre en pleine nuit et hurler un bon coup histoire d’emmerder le monde. Il y a le recul des grandes personnes que l’on acquiert avec le temps, et finalement, l’envie.

D’aller toujours plus loin, de devenir quelqu’un.

Cette chronique a été écrite dans le cadre des Useless Playlists de Monsieur Olivier, qui a eu la gentillesse de m’inviter sur son fameux blog Where Is My Song, dont je vous ai déjà parlé ici.

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