Magazine Journal intime

Regarde pas en bas.

Publié le 09 décembre 2010 par M.
Regarde pas en bas.En même temps que je creuse des tranchées dans mon assiette je tends machinalement l'oreille au beau milieu de leur conversation, il faut toujours que ça cause d'amour chez les filles si bien foutues de mon bord de table. Il faut toujours que je la ferme, faute de raison. Quelqu'un balance, tu sais le plus dur c'est de réapprendre à dormir tout seul et j'ai ce ricanement étonné de la phrase qui ressort d'une autre histoire, alors je dis par dessus mon plateau, le plus chiant, c'est le froid, mais avec ma voix de gamin qui mastique les mots, ça ne s'entend pas. Le bordel mon gars, découle du fait que ça caille sévère. A ma droite, je vous présente la silhouette emmitouflée de la camarade qui plante les mauvaises idées dans mon crâne ahuri, mais allez paie ton coup vicieux de clou gratuit, si elle ne parlait pas tu vois je n'aurais pas été pêcher la sensation étrange d'être comme triste, comme jalouse, comme le gras de la viande sur mon couteau, je serais restée pile à ma place et mon sourire facile ne risquerait pas de peler dans le fond d'un verre de vinaigre. J'émiette mon pain sec pour en faire des balles mais je ne recharge que du vide, mon regard dans la vitre n'a plus rien de celle qui criait vengeance en disant un jour, je serai la plus belle, et puis alors, qu'est ce que tu veux que je fasse de ça, de ces pensées d'hiver qui cavalent sur mes cuisses, du tas de sentiments graisseux qui prend la poussière et de moi qui tousse par dessus, qu'est ce qu'elles essaient de déboulonner chez moi en me demandant hé, tu serais pas un peu amoureuse ? Non écoutez j'ai déjà des bleus. Je regarde mon plateau ou mes chaussures, ou la neige qui s'écrase sur le bitume exactement comme sur le toit de ma maison abandonnée, je fixe le vide plutôt comme si ça n'allait plus jamais arriver et j'évite mon reflet. La véritable galère, c'est le froid bien sûr mais aussi toutes ces conneries luisantes que les solitudes finissent par dégoupiller sur mes lèvres refroidies.

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