Lampégia - page 1.

Publié le 23 novembre 2010 par Raider43

  Depuis le Traité des Pyrénées, de l'an 1659,  Llivia est une enclave espagnole en territoire français.  L'antique cité, dont les origines remontent à l'époque romaine, doit son statut politique particulier au fait qu'elle était ville capitale de Cerdagne et non simple village.  Or, seuls les villages devaient revenir à la France, lors du partage de la Cerdagne.  Llivia resta donc espagnole.  Mais, bien avant cette époque, elle était une place - forte aux remparts imposants.  Au sommet de sa colline s'élevait une tour, "  la Torre d'en So ",  dont il ne subsiste plus aujourd'hui que des ruines sombres, qui se confondent avec les rocs de schiste.  Non loin de là, dominant le chaotique paysage de Targasonne, se dresse le pic des Mauroux, dont le nom évoque les amours tragiques du Maure Munuza et de Lampégia, la fille du comte de Toulouse.

   Llivia, comme toute l'Espagne, était tenue par les Arabes.  Pour ce peuple conquérant, les Pyrénées ne constituaient pas une barrière.  D'ailleurs, il les appelait "  Djebel el bortât  ", "  la montagne des passages ".  Des marches pyrénéennes, les Maures menaient des raids très avant en territoire franc.  Munuza commandait la place de Llivia, d'où il gouvernait le pays qui devait devenir la Catalogne.  Ses expéditions militaires sur le versant nord des Pyrénées l'avaient conduit jusqu'à Toulouse, où s'élevait le palais du comte Eudes.  Or, le musulman et le chrétien ne se faisaient pas la guerre.  C'était grâce à Lampégia, la fille du comte.

   Depuis qu'il l'avait vue à la cour de Toulouse, belle, blanche et blonde, siégeant au palais à côté de son père, qui lui laissait donner de sages avis dans les négociations, Munuza aimait la jeune Franque.  Il avait multiplié ses visites à Toulouse, où il arrivait porteur de somptueux cadeaux.  Il avait déclaré ses sentiments et les avait trouvés partagés.  Munuza et Lampégia ont demandé à s'unir par les liens du mariage et Eudes, en prince éclairé, a donné son consentement.  Il a vu dans l'union de sa fille et du chef maure une promesse de paix.