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L’étrange complainte de Saint Nicolas retrouvée par Gérard de Nerval

Publié le 06 décembre 2010 par Chantalserriere

Ils étaient trois petits enfants
qui s’en allaient glaner aux champs…

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C’est Gérard de Nerval qui remit au goût du jour la complainte de Saint Nicolas, dans ” Les Chansons et Légendes du Valois“, publiées en 1854, à la suite de sa nouvelle “Sylvie”. En réaction à la littérature académique officielle, son intérêt pour les anciennes chansons du répertoire français est un des aspects du romantisme préoccupé des origines populaires des traditions,

L’horrible fait divers relaté dans la ballade intrigue plus d’un exégète.

Des enfants qui glanent, pauvres innocents, proie d’un horrible Barbe Bleue, appartiennent au fantasme parfois tristement réalisé de toutes les époques et que les chroniques livrent à l‘indignation fascinée du public. Le boucher qui accueille les enfants égarés à la nuit tombante les mettra dans son saloir! C’était sans compter les pouvoirs de Saint Nicolas , qui, sept ans plus tard, viendra les délivrer.

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On pourra s’arrêter sur les similitudes avec certains héros de nos contes européens, le symbolisme du chiffre sept,  le rituel macabre, le rapport à la peur ancestrale de mourir de faim, mais, tout d’abord, que faisait donc le Grand Saint Nicolas, né en Turquie, ami des plus démunis, patron des travailleurs de la mer, mort à Bari, au sud de l’Italie, à errer ainsi dans les campagnes françaises où il ressuscite les enfants suppliciés?

Nul ne sait vraiment. Une sainte relique (une phalange) transportée de Bari en Lorraine explique le nouveau territoire du Saint, post mortem. Lui qui, aux portes de l’Orient lointain, transgressait l’ordre établi en secourant les pauvres, protégeait les marins et les laissés-pour-compte, le voici, au coeur de l’Occident, défenseur de l’enfance opprimée, baffouée, torturée.

Dans son livre La connaissance interdite, Alice Miller a essayé de montrer que la fête  de St Nicolas a été travestie par l’autorité parentale en fête punitive sous-jacente, notamment avec l’invention du « Père Fouettard »… qui n’a rien à voir avec le vrai Saint Nicolas qui protégeait les pauvres et ne les battait pas. ” dixit Wikipedia.

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