Le froid me rougit les joues et me glace les narines mais je poursuis ma route. Les semelles alourdies de neige, les orteils s'engourdissant de gel, je marche.Les bois sont magiques en cette saison, ils regorgent de paysages cartes postales qui feront la joie des prochains calendriers que l'on distribuera une fois l'an nouveau officiellement installé. J'avance. Le silence fait crisser le creux de mes empreintes sur le tapis blanc immaculé de la clairière qui m'accueille à bras ouverts. Je progresse. Où vais-je de si bon matin ?
Deux skieurs de fond me dépassent. Ils sont rapides et souples mais je n'accélère pas le pas. Je marche. Sur la droite, un oiseau agite quelques branches et la neige s'en sépare en un merveilleux brouillard de poudre presque scintillante, sous le timide soleil qui tente désespérément de percer la couche nuageuse de ce frisquet dimanche. Je continue, le sourire au lèvres. Pourquoi m'arrêterais-je de si bon matin ?
Tiens, les traces d'un animal ! Un chat peut-être, ou plutôt un chien. A moins que ce ne soit un animal sauvage. Peu importe, je poursuis mon rythme. Le chemin monte puis tourne, redescend puis se perd à nouveau dans une forêt plus serrée d'arbres gigantesques. Ils s'élancent sveltes et élégants vers le ciel mais ne semblent pas souffrir du froid qui les entoure. Moi non plus. Je marche. Pourquoi frissonnerais-je de si bon matin ?
Tout à coup, la chaleur. L'arrêt brutal. Le bruit. Quel bruit ? Je regarde à droite : l'oiseau a disparu. Il n'y a plus ni skieurs, ni forêt profonde mais mon réveil strident qui me rappelle qu'il est grand temps de me lever...