Sur une problématique de la Petite Fabrique d'Ecriture
Ma cathédrale, je l’ai construite avec mes mains, avec mes pieds, avec mon regard.
Sa première pierre fut un cri, jaillissante brûlure surgie de l’athanor à l’instant de l’œuvre au noir.
Ma cathédrale, je l’ai construite avec mes mots, apprentissage douloureux d’une pierre mal dégrossie.
La pierre angulaire de ma cathédrale fut l’éveil de ma conscience, le passage chaotique de mon moi fermé à mon moi ouvert, le cheminement hasardeux de mes avancées et de mes reculs.
Ma cathédrale, plus je la construis, plus elle devient petite et dans le même temps, infinie ; elle s’élève vers les étoiles à la façon d’un grain de poussière invisible à l’œil nu.
Ma cathédrale sera terminée quand enfin viendra le jour où, délaissant les outils, délaissant les calculs, je me tiendrai dans l’être, affranchie du faire, capable de créer, par le seul mouvement d’une pensée aussi ténue que le rêve, aussi absente que le rien, aussi vibrante que le tout.
Ma cathédrale, je la construis et elle me construit, c’est la vie.
©Adamante