Hier, enfin, je me suis posée pour aller découvrir les Petits Mouchoirs, un film que j’ai eu très envie de voir dès sa sortie en salle.
La salle était pleine, sur les Champs-Elysées, malgré une sortie en octobre dernier. Un peu comme si chacun se hatait d’aller voir, à la dernière minute ou presque, ce film dont on a tant parlé… Un succès qui ne semble étonnamment pas s’essouffler. La recette ? Une promo sympathique (une bande de copains sur les plateaux et dans les magazines, ça ne laisse pas indifférent), le souvenir laissé par Ne le dis à personne (l’adaptation par Guillaume Canet du roman éponyme de Harlan Coben) mais aussi… un casting incroyable (Marion Cotillard, Jean Dujardin, François Cluzet, Benoît Magimel, Gilles Lellouche…) et l’histoire, évidemment… qui est un peu la nôtre finalement, et dans laquelle on retrouve, dispersés ça et là, quelques passages de notre vie amicale ou amoureuse qui nous font tantôt sourire, tantôt monter les larmes.
Marion Cotillard est sublime dans ce long métrage. Pas sublime parce que sa beauté transperce l’écran, non ! Car, dans Les Petits Mouchoirs, Marion n’est pas si belle dans le fond. Elle n’est ni maquillée, ni coiffée. Elle fume, elle boit, elle pleure. Elle se fiche de son image. Elle ne cherche pas à être la plus jolie, elle est ailleurs… C’est à travers sa souffrance, ses doutes, la force de ses expressions et cette émotion qu’on partage avec elle que Marion Cotillard est sublime. On imagine alors le regard de Guillaume Canet (qui n’apparaît jamais à l’écran) derrière la caméra…
Bienvenue à bord
Tout est réuni dans ce film pour nous faire passer un beau moment entre amis. Soudain, on s’invite à la tablée estivale de cette bande de potes accueillante qu’on finit par bien connaître au fil des scènes. On monte à bord de l’aventure, on prend le large avec eux, on ressent l’air marin et l’odeur des huîtres du Bassin d’Arcachon qui occupe le premier rôle ici. Spectateurs tantôt amusés, tantôt attristés, on aimerait prendre part au dialogue, se moquer du tempérament des uns et des faiblesses des autres, donner notre avis, secouer ou empêcher de tout gâcher ces personnages auxquels on s’attache… Les femmes, mignonnes et souriantes, pourraient être nos copines. Les hommes ont des profils de bons copains. Leurs épaules en apparence solides, sont pourtant frêles en réalité et finalement, ce sont les femmes qui mènent la barque, d’un bout à l’autre du film.
Tout est fait pour qu’on y passe un bon moment dans les Petits Mouchoirs qui rappelle Vincent, François, Paul et les autres de François Cluzet (1974). Tout est là, réuni : le décor magnifique, la maison accueillante, les personnages sympathiques ou attachants, les vacances et même la météo qui, à une exception près, n’est que soleil et chaleur. Mais les ingrédients ne suffisent pas toujours à ce que la sauce prenne et à ce que la mayonnaise monte. Une faille, un déraillement, une souffrance en entraînent d’autres et, petit à petit, le décor de la pièce ne suffit plus pour jouer la comédie des jours heureux à laquelle chacun fait semblant de croire et à laquelle chacun se raccroche de toutes ses forces.
Lors d’un interview à Marie-Claire, François Cluzet a dit : « Les moments précieux avec ses amis sont ceux où on pleure, ou on craque, où on est perdu. Seuls les amis peuvent vous récupérer en 1000 morceaux. Pas besoin de briller devant eux. »
Les Petits Mouchoirs nous rappellent quelques jolies leçons sur le temps qui passe, sur les fondamentaux de l’amitié et sur la difficulté d’aimer.
C’est un film à voir. Un film gai et triste à la fois. Un film simple qui parle des choses de la vie. Un film prenant et touchant que chacun vivra à sa manière en y retrouvant un peu de soi et en y projetant un bout de sa propre existence.
Bonne séance !
Photos Jan Welters – ELLE