Si les fêtes de fin d'années vous font déprimer, il faut absolument que vous alliez voir un très bon film intitulé Le nom des gens de Michel Leclerc. J'en profite au passage pour vous rappeler que les fêtes de fin d'années sont une période géniale, avec des lumières, de la joie et de la musique de lutins partout et que je ne comprend pas que l'on puisse déprimer, alors que Noël est LA fête de l'année, mais passons, hein.
Donc, le dernier film de Michel Leclerc avec Sara Forestier et Jacques Gamblin est à mourir de rire.
Il raconte l'improbable rencontre entre Bahia Benhamoud (et non, Bahia ce n'est pas brésilien) et Arthur Martin (et oui, comme les cuisines). Elle a une vingtaine d'années, s'habille très très court, ne s'embarrasse de rien et surtout pas des conventions et a trouvé un truc génial pour lutter contre la montée des "fachos" en France : coucher avec des types de droite pour qu'ils votent à gauche.
Arthur a 40 ans, très propre sur lui mais pas très fun (vétérinaire spécialisé dans les oiseaux...morts de préférence) et est un partisan de Jospin. Si elle n'a plus à le convaincre dans ses choix politiques, Bahia va pourtant s'attacher à remettre dans la vie de cet homme beaucoup, mais alors beaucoup de vie !
Les situations poussées à l'extrême sont donc hilarantes et l'ambiance politico-culturo-sociologique offre un contexte un rien bordélique mais tellement drôle ! Sara Forestier est dans ce film une sorte de tornade, que l'on voit beaucoup toute nue d'ailleurs (le côté pute de la République I suppose...), qui avance sans jamais quitter son but des yeux : apporter un peu plus de tolérance dans ce monde.
Entre réalité exacerbée (la pédophilie, Alzheimer, la déportation, la guerre d'Algérie) et naïveté tendre ("mais déjà comment peut-on être jeune et voter UMP ?"), Le nom des gens est un film incroyable sur la tolérance, sur les clichés et les étiquettes qui ne rassurent personne, pas même ceux qui les collent.
J'ai aimé également ce petit côté à la Amélie Poulain, où les personnages nous racontent qui étaient leurs parents, ce qu'ils sont devenus et comment eux-mêmes en sont arrivés là. On sent chez Michel Leclerc la volonté de retranscrire une pensée politique aussi complexe que peut l'être le climat actuel, entre intégration d'une seconde voire troisième génération, d'identité nationale qui n'a même pas lieu d'être, de peuples perdus entre fanatisme religieux et volonté de ne pas oublier qui ils sont, bref, un joyeux boxon !
Et puis, c'est aussi un beau film d'amour, entre ces deux personnages que tout oppose, mais pourtant liés par un désir perpétuel. On aimerait être le stylo qui relie les points de beauté du dos de Bahia, juste au dessus de ses reins et de ses fesses si parfaites. On aime la manière de filmer, parfois tel un vieux film, comme lorsque Bahia veut rejeter des tourteaux à la mer et que la lumière du soleil darde ses cheveux flamboyants.
On en ressort d'ailleurs pas indemne de tout ça, de toute cette énergie, de toute cette joie. Elle est comme ça, Sara Forestier, elle déménage toujours tout, elle envoie toujours tout balader. Je ne pense pas l'avoir revue depuis L'esquive et même si ce trop plein de vitalité est parfois un peu "trop" justement, on ne peut rester insensible à son charme !
Enfin, c'est un film qui vous donnera envie de crier "Jospin, revient !!!" Il fait d'ailleurs une courte apparition dans ce film, extrêmement bonne !
Vite avant qu'il ne soit plus à l'affiche.