Au revoir, au revoir Président….

Le Président

Film documentaire de Yves Jeuland

Rares sont les séances du mercredi 14 heures comptabilisant plus d’une vingtaine de spectateurs. Mais à Montpellier, aujourd’hui, la salle est quasi pleine et la sortie encombrée de journalistes et photographes recueillant à chaud les premières réactions d’un public conquis d’avance.

Et pourtant….

Le doc se veut neutre, sans interviews autres que celles que l’on connait déjà. Elkabbach, Durand ou Denisot devisant avec le Président Frêche des boutades dont il sait qu’elles feront mouche mieux qu’un discours sincère et politique.  Le début est prometteur quand Frêche confie que sur 30 campagnes électorales, 3 selon lui ont été menées intelligemment …pour aboutir à la défaite. Les 27 restantes, toutes gagnées, se sont bâties à base d’amalgames en tous genres qu’il ne renie d’ailleurs pas, puisque dans cette optique de gagner contre la droite et l’extrême droite, la fin justifie les moyens.

On le traite de populiste, il se dit populaire mais on a du mal tout de même à partager les rires gras sur la « gueule ravagée » d’Hélène Mandroux, maire de Montpellier.  Son parcours politique se résume à un bandeau : élu 5 fois maire de la ville avant de prendre en 2004 la présidence de la Région Languedoc Roussillon.  Le documentaire le suit lors de sa dernière campagne, entouré d’une équipe dont on se demande à quoi elle sert tant il semble réglé sur pilote automatique. Ce qui frappe dans son comportement est que sa personnalité ne se met en branle que sous les feux des projecteurs ou face à un micro. Le reste du temps il est silencieux, mange comme un ogre (y compris des post-it) ou chante des airs d’un autre temps.

Alors, bien évidemment, ce doc ne donnera pas tort aux ravis de la crèche, les confortant même dans leurs idées reçues sur le mensonge et la roublardise inhérentes à la politique en général, à Frêche en particuliers.

Lors d’un meeting, on le voit, ce monstre, les larmes plein les yeux évoquant son père quittant la ferme familiale, pieds nus, sabots sur le dos, pour s’enrôler dans l’armée.  On apprend dans le quart d’heure qui suit, que cette anecdote est pure invention. Il le dit clairement : s’il est tendre au fond de lui, il ne peut le montrer sous peine de se faire manger ; alors il tue puis il pleure…

Au final, ce doc est d’une modernité sans faille, chacun ressortira de la salle avec le même préjugé qu’il avait en arrivant. Les fidèles retrouveront un homme iconoclaste et sincère par delà les mensonges, les autres ricaneront sur cet affreux personnage. Reste une carrière politique de 40 ans balisée par ses chères statues trônant sur son bureau et érigées depuis sur la place du 20^ème siècle