Magazine Journal intime

Jour 40

Publié le 17 décembre 2010 par Miimii
Jour 40Crédit de photo: Hanene Saidi ©

Entretemps, j’ai trouvé un MP de Samuel qui datait d’un siècle. « Je t’ai attendue la veille de mon départ, et du coup en t’attendant, j’ai eu le temps de me poser la question de savoir si tu te foutais de moi, si tu avais du temps à perdre, ou si j’avais l’air d’être un vieux con dont on peut faire ce qu’on veut ? ... Je me disais qu’en arrivant tu me le dirais, et bien, tu n’es pas venue. Je t’envoie ce message de Paris, il fait froid, il neige, et je suis à mon bureau face à la fenêtre, j’ai envie de te voir, dans un autre cadre que d’habitude, qu’on se parle, qu’on soit sincère, qu’on se dise des trucs même s’ils ne mènent à rien... pas des « je t’aime », mais peut être des « je suis indifférente, j’ai joué... »Mais au moins que ce soit la vérité, qu’on brise ce mystère et qu’on dépasse cette étape d’incompréhension. Tu viens ou tu veux que je vienne ? »

Je le lis et le relis en diagonale. Je lui répondrais peut être mais pas maintenant.

Lyès m’appelle « alors dégonflée ? Tu sors ce soir ? » ... le mot dégonflée griffe mon ego. Et je lui réponds « Ben oui, évidemment... », Il me dit : « Bon, je sais que t’es une mytho et que tu es capable du pire pour gagner. Alors rendez vous à 21h au golfe. On se dira bonjour comme si on se retrouvait là par hasard. »

Quand je raccroche je me rends compte que je mentais... et que je n’ai rien prévu. J’envoie un MP à mon « date » présumé « ça te va si ce soir on va au golfe pour que je puisse gagner mon pari ? ... 21h ça te va ? »

J’ai le cœur qui bat en attendant une réponse immédiate si par hasard, il recevait une notification sur son mobile ou que par miracle, il soit derrière son ordi.

J’avais trop de boulot et de choses à faire tout la journée, mais j’étais scotchée à checker mon push mail et à vérifier mes notifications. J’étais vraiment stressée, je n’ai jamais supporté d’attendre les mecs... C’est pour ça que j’ai du développer cette attitude malsaine vis-à-vis d’eux parfois... Bref, comme une ado la veille de la Saint Valentin, j’ai attendu sa réponse... qui n’est arrivée qu’à 18h30. J’étais en rogne, mon égo et le manque de savoir vivre de mon cavalier ont failli me coûter la victoire... J’ouvre impatiemment la réponse et elle est ... tellement inattendue... « Oui, ça me va. Je vais au lancement du livre de Neïla Azouz, au Villa Didon, passe me prendre, et on ira ensemble au Golfe. »

Il est trop tard pour s’échanger des messages FB, je fais quoi ?... J’appelle Lyès pour annuler et accepter ma défaite... ou je vais rejoindre un quasi inconnu, dans un endroit où j’ai été invitée par message FB ? Et m’afficher en public, face une quantité considérable de personnes que je connais... au bras d’un mec avec qui je suis liée par une discussion Facebook et un pari débile ?...

Je rentre chez moi après le boulot, et je me dis qu’en ce moment ma vie manque de fantaisie.

Quand je tourne la clef dans la porte, Rania me dit « Soirée DVD ? »... ah oui, j’ai oublié de mentionner qu’elle est revenue et que j’ai promis de vivre ma vie et d’en avoir rien à foutre... voilà une raison d’aller dîner avec M.

Je vais dans ma chambre, je me mets sur mon 31, bien décidée à briser cette routine effrayante dans laquelle ma vie s’est installée malgré elle. Et je suis allée à Villa Didon, dehors une enseigne lumineuse disait « Alors on parle, chroniques de Jet Set magazine ». Je suis entrée, je cherchais une personne dont je n’avais même pas les coordonnées téléphoniques, je me sentais un peu bizarre d’entrer toute seule, de dévisager les hommes pour trouver le mien. J’ai vu pas mal de gens que je connaissais. J’ai vu l’auteur, dans sa jolie robe gris perle style bandage d’Hervé Léger. Je ne la connais pas personnellement, je n’ai donc pas pu me présenter pour la féliciter puisqu’elle m’a gentiment invitée en tant que Miimii et je n’avais aucune envie de briser mon anonymat. J’ai très vite retrouvé mon cavalier qui était en charmante compagnie. Il m’a présentée par mon nom et prénom, sans détails. Ça m’allait... j’étais un peu gênée, bien que la glace a été très vite brisée, puisque je connaissais ces filles de par mon boulot.

Trente minutes plus tard, il me propose de partir et d’aller au restaurant. Il a eu la délicatesse de m’offrir le livre, dédicacé à son nom :) ... et j’ai trouvé ça original.

Et il me dit « Les histoires de nana... ce n’est pas mon truc, tu m’en parleras :) »

La photo de N. est sublime (Fan de photos, j'ai par réflexe demandé qui en est l'auteur,on m'a dit que c'est une photo de S. Snoussi), sobre et très classe et le livre a la taille d’un journal intime, ça nous rapproche tout de suite de l’auteur. C’était plus sympathique que de recevoir des fleurs qui auraient fini à la poubelle dans 3 jours.

Il monte en voiture avec moi, il n’avait peur être pas la sienne. Je reste quand même accro à la galanterie... ça me froisse. Mais je suis une chieuse, tout le monde le sait. Il se plaint d’être trop occupé, trop sollicité, trop de sorties... Il trouve ma proposition originale, osée et très sympa. Je le remercie d’avoir accepté. Il sent bon (bon tout le monde sait que je suis très sensible à ça maintenant...) il est très bien habillé, il a des mains sublimes, faut qu’il arrête de les bouger sous mon nez, et il parle calmement et bien...

En route, je reçois un message de Lyès : « Menteuse, branleuse, suceuse » #connard !

J’arrive au resto et en entrant je croise le regard de Lyès et ... je ne savais pas encore que la petite (parce que c’était vraiment le cas) s’appelait Inel (oui, pas Ines... Inel...), elle est d’origine syrienne ou un truc du genre... On se dit bonjour, M. et Lyès se connaissent et se sont déjà croisés en soirée. On se dirige vers notre table, je reçois un sms : « Bon choix pour ta Bad Romance, Miss M. :) »

La soirée était très sympathique, il était drôle, agréable, intéressant... mais trop mystérieux, son téléphone n’a pas arrêté de sonner, il ne répondait pas, pour être seul avec moi ? Pour être poli ? Pour ne pas avoir à se justifier auprès de l’interlocuteur ?

Pendant que je me posais tout un tat de questions, mon téléphone a sonné « Inconnu ». Je décroche, sans me poser de question.

« Allo ? »

A la voix, j’ai tout de suite reconnu... Samuel. Vite fait, je fais celle qui n’est pas surprise et qui ne se sent coupable ou mal à l’aise.

« Ah, Sam... ça va ? »

« Oui, et toi ma belle... tu n’as pas eu mon message, tu ne répondais pas, je me suis inquiété. »

« Oui, j’ai eu des petits soucis, un décès, je te raconterais... je l’ai eu ton message mais je n’ai pas eu le temps de répondre »...

Bref, j’essaie de canaliser la discussion pour que de l’extérieur ça ait l’air de la discussion la plus amicale dans l’amitié la plus anodine qui soit. J’écourte la discussion en disant," je te rappelle" et je reprends mon petit dîner en me posant tout de même la question de savoir pourquoi tous les mecs prennent autant d’initiatives dès qu’une femme les ignore.

Je propose de payer le restaurant, et il me dit « Je n’ai pas envie de me sentir comme un gigolo, même si ça reste un de mes fantasmes. »

« Je n’ai pas envie non plus d’avoir eu l’impression de t’avoir imposé un plan »

« Imposer...hmm, c’est un fantasme aussi... non, non ma belle (il m’embrasse sur le front amicalement) tu ne m’impose rien du tout, c’est un plaisir pour moi ».

J’ai apprécié sa galanterie sur ce coup, tout en me disant qu’il fallait que je ressorte avec lui en l’invitant pour ne pas me sentir redevable. #Sale manie de ne rien vouloir devoir à personne


A la fin du dîner, Lyès propose d’aller tous ensemble boire un verre, en route, je commence déjà à m’ennuyer, la soirée s’allonge, je suis fatiguée. Je n’ai rien à reprocher à mon cavalier, on vient du même monde, il a l’air d’avoir des principes, et on a l’air d’être sur la même longueur d’ondes. Mais les mecs sont capables d’endosser 1000 masques jusqu’au jour où tu succombes, alors je ne tire pas de conclusions hâtives. Je n’ai pas spécialement envie de penser ou de voir plus loin que mon pari. Je suis assez silencieuse, je n’ai pas grand-chose à dire, à vrai dire, je m’ennuie un peu. Il me parle de son boulot, il bosse pour une boîte de com’ et il a investit dans des petits projets avec ses potes de lycée... il est comme moi, il bouge beaucoup. En prenant un verre, avec Lyès on a cette manie d’échanger des sms :

- « Je me ferais bien la petite... mais toi, t’as l’air de t’emmerder, je sais que les mecs propres et biens sous tous rapports, ça te donne la chiasse, c’est bientôt fini. »

- « Ta petite à l’air d’une chaudasse t’aura pas de mal... mais elle a l’air d’avoir le QI d’une frite »

C’était juste sympa, comme n’importe quelle soirée, en rentrant, je m’apprête à partir avec M. ne sachant même pas où il habite, et du coup la syrienne lui propose de le raccompagner puisqu’il habite au Lac et qu’elle va du côté d’El Menzah. Ainsi, je raccompagne Lyès puisqu’on est à côté.

Lyès et moi on se regarde, on n’a rien compris... on se laisse faire par la petite entreprenante... et on accepte, puisque ça nous arrange pas mal aussi. Du coup, je n’ose pas du tout demander le numéro de téléphone à M., ne serait-ce que pour le remercier... il ne me demande même pas mon numéro, ça me froisse encore, je le trouve respectueux mais je sens un paradoxe entre son détachement et ma susceptibilité inhabituelle.

On se sépare... Lyès est venu dormir à la maison, c’est la guerre froide avec Rania, mais ils font mine de me respecter.

Bien contents d’avoir été tous les deux cap’, on a parlé des travers, tics et manies de nos cavaliers, et pour en arriver au constat que les deux n’ont pas l’air très emballés par nous... puisque le moment de se faire raccompagner était le moment décisif... et sur cette note, on s’endort l’un dans les bras de l’autre.


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