27 et 28 ans d'espérance de vie, en 1750. Ben dit donc, c'est jeune, quand même! Voltaire, le vénérable, en s'éclipsant à 84 ans, aurait rendu près de 60 ans aux hommes de son siècle ?
A peine trentenaires, les pré-révolutionnaires, et hop, à la faucheuse, et pas celle de Monsieur Guillotin! pas le temps de faire grand-chose, même pas le temps de se marier quand on sait que l'age moyen des hommes au mariage était de 29 ans !
Ah, attends... L’espérance de vie c'est bien l'age moyen des décès dans l'année, c'est à dire la somme de tous les ages de tous les morts, divisée par le nombre de morts. Forcément quand la moitié des nourrissons meurt avant deux ans, ça baisse la moyenne!
Mais ça veut aussi dire, qu'une fois passé le cap du bas-age, ils avaient toutes les chances de connaître leurs petits enfants (en très simplifié et de mémoire, hein, c'est pour Internet).
Je m'étonne que Le Mond-ialisé publie des moyennes sinon fausses, aussi trompeuses, voire mensongères. Pourquoi continuer à véhiculer une si vilaine image de la réalité d'hier, sinon pour servir aujourd'hui?
« Voyez m'am Michue, on vit trois fois (???) plus longtemps aujourd'hui qu'au temps des Rois »
« Ah ben on a bien de la chance, on a eu bien raison de leur faire la peau ».
Camarade, mon frère, ne te laisses pas abuser par cette propagande grossière, nos aïeux vivaient vieux. Ils avaient le temps de transmettre leur savoirs, leurs métiers : ébénistes, maître verriers ou fondeurs.
Ils avaient le temps d'apprendre à couler un canon en fonte, un bourdon de Beffroi, à monter un vitrail et marqueter un secrétaire. Ils connaissaient des histoires, qu'ils tenaient de leurs aïeux et qu'ils racontaient le soir dans la cheminée entre les andouilles qui sèchent.
Ce qu'il ne connaissaient pas c'est la longue période de dépendance du quatrième age, qui fait la fortune des pharmaciens. La mort qui se refuse à vous, vous laissant décharné, raide comme un os de seiche et déjà froid, encore un jour, et un jour de plus...
Nous avons remarqué, et toi aussi, Brutus, que ces annonces de gain de longévité ont émaillé sporadiquement et subrepticement, les journaux télé, cette année. Du coup c'est bien rentré dans les tètes, qu'on pouvait bosser plus longtemps puisqu'on vivait plus vieux.
C'est de la bonne logique à Alain Minc, ça. Ça s'emboite tout seul comme des gros cubes. Couplée avec la pirouette sémantique placée dans la bouche des perroquets, tous en choeur, au jour J, qui a transformé « Age légal de départ à la retraite » en « Dogme de la retraite à soixante ans ».
Les mots ont un sens.
Le Monde.fr - pas de lien, "il ne passera pas par moi!"