14. La vérité en matière historique
eaucoup de livres sacrés relèvent de l’histoire. Celle-ci contient, en premier lieu, le récit de faits qui font partie du trésor révélé. C’est le cas, par exemple, du péché de nos premiers parents, de la naissance du Christ, de sa mort et de sa résurrection, etc. Elle contient aussi d'autres éléments qui, non pas chacun en eux-mêmes, mais dans leur ensemble, sont l'objet de certains dogmes, parce qu'ils expriment en quelque sorte une loi de l'intervention surnaturelle de Dieu dans l'économie du salut. C'est le cas des prophéties et des miracles. Ces choses sont la réalisation de l'article de foi selon lequel nous disons : “Je crois en l'Esprit Saint, qui a parlé par les prophètes”. Cependant la plus grande partie de l'histoire sacrée est formée d'événements naturels, qui manifestent la providence de Dieu, sur Israël ou sur le monde entier, ordonnée à la réalisation de ses desseins de salut par Jésus-Christ. Dans le récit de ces faits, les auteurs sacrés, inspirés, sont totalement infaillibles, comme ils le sont pour les choses de la foi et des moeurs, parce qu’ils écrivent l’histoire sacrée inspirés par l’Esprit Saint, auteur principal de la Sainte Ecriture, lequel ne peut ni se tromper ni nous tromper. Telle est la doctrine de l’Eglise, que nous devons tenir fermement et toujours lorsque nous interprétons l’Ecriture.
Pour résoudre les difficultés historiques qui se présentent, il faut examiner avec une grande attention et une grande rigueur scientifique le texte sacré et les documents profanes, en ne donnant pas pour un sens certain de la Sainte Ecriture ce qui objectivement ne l’est pas, et en ne donnant pour historiquement certain ce que les documents n’indiquent pas comme tel.
En ce domaine, il est nécessaire de bien garder à l’esprit les enseignements de l’encyclique Divino afflante Spiritu :
« Dans les paroles et les écrits des anciens auteurs orientaux, souvent le sens littéral n'apparaît pas avec autant d'évidence que chez les écrivains de notre temps ; ce qu'ils ont voulu signifier par leurs paroles ne peut pas se déterminer par les seules lois de la grammaire ou de la philologie, non plus que par le seul contexte. Il faut absolument que l'exégète remonte en quelque sorte par la pensée jusqu'à ces siècles reculés de l'Orient, afin que, s'aidant des ressources de l'histoire, de l'archéologie, de l'ethnologie et des autres sciences, il discerne et reconnaisse quels genres littéraires les auteurs de cet âge antique ont voulu employer et ont réellement employés. Les Orientaux, en effet, pour exprimer ce qu'ils avaient dans l'esprit, n'ont pas toujours usé des formes et des manières de dire dont nous usons aujourd'hui, mais bien plutôt de celles dont l'usage était reçu par les hommes de leur temps et de leur pays. L'exégète ne peut pas déterminer a priori ce qu'elles furent ; il ne le peut que par une étude attentive des littératures anciennes de l'Orient. Or, dans ces dernières dizaines d'années, cette étude, poursuivie avec plus de soin et de diligence qu'autrefois, a manifesté plus clairement quelles manières de dire ont été employées dans ces temps anciens, soit dans les descriptions poétiques, soit dans l'énoncé des lois et des normes de vie, soit enfin dans le récit des faits et des événements de l'histoire» (1).
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Note
(1) Pie XII, 30 septembre 1943, n°35.