De retour de chez un client, j’ai récemment traversé l’esplanade de La Défense. Ce jour là, je courrais, les bras chargés de dossier, n’imaginant pas une seconde m’attarder dans ce lieu de passage bourré de courants d’air.
Mais soudain, ma course folle a été stoppée net par ce qu’on pourrait qualifier, au premier abord, de marché de Noël. Devant moi, entre le CNIT, les 4 Temps et la Grande Arche s’étalaient 350 chalets sur une surface de plus de 10 000 m². Une apparition inattendue et tout à fait saugrenue dans un décor inapproprié…
Il ne manquait que les lutins !
Contre toute attente, j’ai finalement décidé de pénétrer dans ce simili-marché (mal) reconstitué de mille pièces… Juste pour voir et pour rire deux secondes. Ici et là, des produits faussement du terroir (jambon, saucisson et brioches), exposés jour après jour aux microbes des employés de La Défense, rivalisaient avec de pseudo fabrications artisanales (crèches & santons en tout genre, masques africains et autres vilaines poteries) n’ayant rien à faire dans ces chalets enguirlandés tenus par des vendeurs d’un hiver. Partout, s’affichaient les mots « terroir », « artisanal » ou « tradition », comme pour nous prendre un peu plus pour des gogos. Il ne manquait que les lutins !
Je me suis alors demandé qui pourrait avoir envie de manger une tartiflette revisitée, de s’offrir une gauffre ou de boire un vin chaud dans ce décor de théâtre de seconde zone… Qui pourrait avoir envie de croire que tous ces produits sont le meilleur de notre terroir national, que le vin chaud n’est pas qu’une poudre de perlimpipin et que cet artisanat est produit par de vrais artisans.
J’ai ensuite regardé les allées désertes en prêtant attention à la musique qui rabattait les oreilles des quelques visiteurs égarés par hasard ou par dépit. Je me suis dit que tout ça était bien glauque et que le Père Noël serait navré de voir ce triste spectacle depuis son atelier tout là-haut…
Il y a en effet des sujets avec lesquels on ne plaisante pas…