Quand un auteur vous dit : « Je me suis inspiré des séries américaines pour écrire ces livres » (en passant sur le côté, je suis le seul à le faire, c’est tout nouveau, je suis le meilleur… ), vous vous dites quoi ? Moi, rien j’avoue, j’attends de voir ce que ça donne (j’aime pas trop lire ce que disent les auteurs sur eux-même et leur travail, surtout quand ils ont la grosse tête.)
Voilà donc qui sort, pour les fêtes, un livre qui est un recueil de 6 autres bouquins, les 6 « saisons » de Doggy Bag de Philippe Djian. N’achetez pas, ça ne vaut pas le coup. Votre bibliothèque municipale doit l’avoir en plusieurs volumes, si vous tenez absolument à les lire.
Le contrat est rempli.
Oui ça ressemble à une série américaine : l’intrigue de départ (deux frères amoureux d’une femme qui ressurgit dans leur vie 20 ans après qu’ils aient tenté de s’entretuer pour elle, vont-ils se battre pour la reconquérir, se faire la guerre comme autrefois ? avouez, ça donne envie !) est très vite liquidée, oubliée pour d’autres histoires accessoires (inimitié avec la belle-mère, une fille sortie de nulle part, un ex-mari qui a mal aux dents, un autre en fauteuil roulant complètement barge, un beau-père qui devient mystique sur la fin… ) C’est exactement une série américaine : les personnages sont superficiels sans aucune profondeur, les intrigues sautent du coq à l’âne avec des évènements aussi inattendus qu’improbables. Etrangement, ce qui passe assez bien dans les séries américaines passent moins bien en bouquin.
Et puis c’est exactement comme une série américaine : le premier volume est bien, le second aussi, le troisième tire sur la corde et on se demande où ça va aller, le quatrième on se dit que oui, bon, mais on a commencé on veut savoir la fin quand même (et quand est-ce que David va se réveiller et aller casser la tête de Marc, et puis ce dernier va quand même sauter sa secrétaire, non ?) dans le cinquième, on est déçu, déçu mais bon ça va s’améliorer, c’est sûr. Et dans le sixième, c’est… n’importe quoi. Comme si les scénaristes n’avaient plus d’idées. Comment ça, c’est pas une dizaine de scénaristes américains mais un seul auteur français ? Bref, les personnages sont aussi inconsistants que les héros d’une série américaine, l’intrigue se délite au fur et à mesure qu’elle s’éparpille et la fin est décevante. Exactement comme dans beaucoup de séries américaines. Le contrat est donc rempli, oui. Et c’est bien décevant.
Dommage, d’habitude j’aime les bouquins de Djian. Là, on a l’impression que c’est uniquement rédigé dans un but du commercial -pour les derniers volumes en tout cas (reproche constante qu’il fait dans ses romans contre les écrivains opportunistes qui font du beurre avec ce qui se vend… mais on ne peut pas lui reprocher, si ça marche ! )
Bref, si je devais conseiller un livre de Philippe Djian, ça ne serait certainement pas celui-là. Allez plutôt lire Lent Dehors ou Sotos. Quoique le meilleur à mon avis restera Echine, juste pour sa fin douce amère et pourtant si vraie, celle de la vie (la vraie, pas celle de ces pseudos héros de séries) qui continue.