Travail de Robert Hutinski
Ce paragraphe d’une grande pertinence, est tiré de l’introduction à un livre de Natacha Polony «L'homme est l'avenir de la femme ». Quelques trentaines de pages lues, avec lesquelles je me trouve, jusque là, en presque parfaite concordance de point de vue!
«… Les femmes – et voilà l’escroquerie – sont embrigadées, pour beaucoup consentantes et convaincues, dans une entreprise de contrôle des citoyens par un système totalisant fait de toute-puissance technologique et d’idéologie consumériste. Et pour sortir de l’enfermement qui était le leur dans les sociétés patriarcales, elles applaudissent à un nouvel enfermement, il est vrai beaucoup plus imperceptible et doux, puisqu’il donne l’illusion de la liberté. La vulgate psychologisante qui s’immisce dans toute forme de relation humaine, privée ou publique, pour rendre supportable la déshumanisation technologique et dicter à chacun la norme du bien-être et du bien- vivre, et le dogme de l’épanouissement personnel conçu comme le culte du plaisir nombriliste, sont les armes de destruction massive dont les femmes ont pu croire sincèrement qu’elles allaient les débarrasser de l’omnipotence patriarcale. Ce qu’elles ont fait. Mais à un prix qu’il nous revient aujourd’hui de mesurer. Car en confondant patriarcat et universalisme, en disqualifiant le père, à moins qu’il ne soit adepte des couchesculottes et du maternage, en décrétant le règne du consensus et de l’humanitaire contre le politique et la dialectique, les sociétés occidentales ont signé leur propre mort. Les femmes ont-elles gagné ? Sont-elles libérées du joug, maîtresses de leur destin ? Celui dont rêvent leurs filles est souvent de finir candidate de la Star Academy, ou, pour les plus anorexiques d’entre elles, porte- manteau dans les défilés de mode. Émancipation réussie ! L’éducation des filles, enjeu majeur de la lutte pour la dignité et l’égalité, a été abandonnée aux marchands de disques et aux vendeurs de fringues pailletées et siglées. Mais rassurons-nous, car une fois évaporés les rêves de starisation facile, les demoiselles pourront oublier une réalité qu’on aura rendu sordide par l’absence totale de sens, en se consacrant à leur flirt de l’été ou à leur épanouissement dans la maternité. Toutefois, qu’on ne s’y trompe pas. Le grand progrès de l’époque contemporaine, c’est qu’elle fait des garçons des filles comme les autres. Eux aussi ont droit à la Star Academy et aux crèmes antirides, à la fashionvictimisation et au règne de la bienpensance universelle. Eux aussi s’épanouissent dans la maternité... pardon, la nouvelle paternité. Eux aussi peuvent se noyer dans l’éternelle réitération du présent intemporel et anhistorique, le présent du plaisir immédiat et fusionnel. »