Magazine Journal intime

Le bus, c’est l’aventure : le bonus « tentative de suicide sous le bus »

Publié le 22 décembre 2010 par Anaïs Valente

Je vous rassure tout de suite, il ne s’agissait pas d’une véritable tentative de suicide.  Le fond n’était pas ça, même si la forme y était totalement.  Rares sont les gens qui se suicident en se jetant sur un bus, ils préfèrent de loin, plus sûr (z’avez déjà vu un suicidé via train se relever après le passage de l’engin ?), plus rapide (au vu des morceaux éparpillés partout, c’est vraiment rapide), même si pas toujours ponctuel (d’où parfois, sur les voies, des candidats au suicide en train de lire la gazette en attendant l’arrivée de la faucheuse).

Flash back.

Une journée estivale comme les autres.

Je rentre chez moi après ma journée de travail.

En bus, comme d’hab.

Je monte et m’installe, rien d’original quoi, ce que je fais chaque jour, plusieurs fois par jour.  Je suis à la première place, côté opposé à celui du chauffeur.

Le feu est rouge, mais le bus se déboîte déjà légèrement de l’arrêt, histoire je suppose de pouvoir démarrer en trombe quand il passera au vert (le feu, pas l’arrêt, pas le bus non plus, y’ que le feu qui peut changer de couleur).

Soudain surgit un grand homme, immense.

Il frappe agressivement à la porte du bus, voulant entrer.

Mais tout usager du bus sait que c’est peine perdue : le règlement dit qu’une fois que le bus n’est plus totalement à son arrêt, nul passager ne peut entrer.  Ni descendre d’ailleurs.

Je ne tente d’ailleurs jamais d’entrer quand le bus fait mine de partir, quand bien même le feu serait rouge pour un bon bout de temps encore.  Peine perdue je vous dis.  Aucune chance que les portes s’ouvrent  pour moi, juste une chance que les passagers confortablement installés me voient me ridiculiser à supplier pour pouvoir entrer.  Je me suis déjà suffisamment ridiculisée la fois où, sortant du bus, je me suis vautrée sur une petite souche d’arbre (enfin d’arbuste) et ai offert aux passagers une vision de ma carcasse étalée à plat ventre, sur toute sa longueur, sur le sol.  Je ne tente pas non plus de sortir en dehors des arrêts, l’assurance l’interdit.

Mais ce grand homme ne semble pas connaître le règlement.  Et il veut rentrer.  A tout prix.

Comme le chauffeur refuse, il n’est pas content.

Mais pas content du tout.

Il est d’abord interloqué.

Puis il se met à vociférer.

Enfin, il frappe la porte en verre pour forcer l’ouverture, en vain.  Il frappe, il cogne, il tabasse, cette pauvre porte innocente.

Je suis tout près de cette porte, et j’entends donc les bruits de ses poings sur le verre.

Puisque ni ses cris ni sa violence ne font s’ouvrir les portes, il adopte une nouvelle stratégie.

Il semble s’éloigner du bus.  Ouf, il a compris, il s’en va.

Puis il se rapproche, se place devant le bus, et recommence ses vociférations.

Après s’être égosillé, il a besoin de repos : il se couche sur le bitume, devant le bus.

Le spectacle est à la fois à mourir de rire et hautement pathétique.

Notre homme ne bouge plus, il a trouvé une position qui sied à sa situation, savoir au bas mot 4 grammes dans le sang.  Etre couché est donc plus sécurisant pour lui.

Ensuite, il s’assied sur le trottoir.  Mais vu sa hauteur, ses jambes encombrent la rue. Le bus ne peut dès lors pas démarrer.

Et moi je suis hilare, pendant que certains passagers frôlent la crise cardiaque. Un vieux monsieur s’énerve sur la lenteur des bus, le scandale de la situation, et j’en passe.  Il m’énerve encore plus que l’énergumène du dehors, je l’avoue.  Passque la situation est cocasse, et ne doit pas se produire si souvent !

Le chauffeur, qui n’a pas perdu son flegme, appelle le contrôle pour signaler la chose.

Contrôle qui n’arrivera pas, puisqu’après quelques minutes, notre suicidaire pas suicidaire décide, pour une raison que j’ignore, sans doute sous la pression des citoyens qui, à l’extérieur, tentent de le faire bouger, donc il décide de se reculer, non sans insulter copieusement le chauffeur, les personnes postées à l’extérieur et sans doute Dieu et tous les saints.

Une fois la tentative de suicide pas tentative de suicide avortée, le bus continue sa route, et je rentre chez moi, toujours hilare.

Et je me demande une chose, au moment où je vous écris ces lignes : suis-je la seule à vivre des choses si étranges dans les bus namurois ?


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