Claude Duneton
16/12/2010 | Mise à jour : 11:29
Le qualificatif «naïf» en peinture m'amuse. Existe-t-il une peinture qui ne soit pas «naïve»? Lorsque Michel-Ange peint de vastes scènes de la vie de Jésus et de sa Mère, n'est-il pas guidé par une monumentale naïveté? Ou David barbouillant ses grandes allégories néo-romaines à la gloire des assassins? Ou encore ne fallait-il pas que Van Gogh fût d'une candeur extraordinaire pour s'asseoir devant un champ de tournesols et en remplir sa toile à grands coups de peinture jaune? Alors pourquoi Henri Rousseau (1844-1910), qui a bousculé l'histoire de l'art à son époque de manière peut-être plus radicale que bien des révolutionnaires patentés, est-il toujours la figure emblématique des «peintres naïfs»?