Mon cher Victor,
J'avais décidé, dans un accès de dynamisme, de bonne volonté et d'inspiration, de venir te parler plus régulièrement que je ne l'avais fait auparavant... Oui, c'est vrai ! D'ailleurs... D'ailleurs, je devance tes propos, je ne suis pas capable de tenir mes promesses : ai-je trop changé pour venir encore converser avec toi ? Peut être... Peut être, Mirabelle... Mais s'il reste encore une once d'envie en toi, le sentiment que quelque part, évoluer, se transformer, vaut mieux que de tout briser, que de renier ce qu'on a été, alors reste, reste avec moi, reste avec moi et écris ! Oh, Victor... Je ne t'avais jamais connu si lyrique ! Peut être parce que moi non plus, je ne t'avais jamais connue aussi distante, aussi... Oserais-je le dire ? Aussi inexistante ? J'avais fondé de nombreux espoirs en toi, Mirabelle, tu avais dit que tu reviendrais et aujourd'hui... Aujourd'hui quoi ? Que te dire, mon pauvre ami ? Ecrire m'échappe ! Je voudrais, je voudrais tant, être capable encore, d'écrire tous les jours, parler, te parler, raconter, me raconter, mais... Mais ? Ecrire demande une telle énergie, une telle force, une telle disponibilité ! Et tu le sais, toi qui demeures un grand écrivain, le plus grand qui soit !
Je t'aime, Victor, et je ne te laisserai pas... Mais accepteras-tu seulement que je ne sois pas à la hauteur ? Que je me montre incapable de tenir mes engagements, incapable de déverser, comme avant, mes doutes et mes joies, mes bonheurs et mes peines ?
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