Le Bhoutan, qui institue le bouddhisme tantrique vajrayana comme religion d’état, finalise sa constitution ( 2008 ) en mettant en place une politique de
contrôle religieux afin de « préserver la cohésion nationale ».
Une attitude protectionniste résumée par le quotidien Bhutan Observer, rapportant les propos du ministre de l’Intérieur bhoutanais Lyonpo Minjur Dorji : « Il n’y a absolument aucun problème si vous naissez chrétiens… La Constitution vous protège. Mais il est tout à fait illégal de chercher à convertir (…). Si nous avons des preuves de prosélytisme dans notre pays, nous nous devons de prendre des mesures immédiates » (3).
Entre la ‘propagande évangéliste’, et une ‘ loi anti-conversion ‘ ; il y a la place pour un respect complet de la religion de l’autre.
Pour l’autre, sa meilleure protection, est de ne pas être diaboliser… Le respecter, c’est ne pas vouloir ( même pour son bien ) le persuader qu’il est dans
l’erreur .
Aujourd’hui, catholique nous devons témoigner de notre universalité au travers les yeux de l’Esprit … Elle nous engage à conduire chacun, en vérité de son chemin.
Parmi les témoins, les saints, qui – en notre temps – nous indiquent la route ; sont : les moines de Tibhirine
Finalement, je pense que le principe de la conversion en une autre religion, une autre tradition, n’est pas un acte ‘ juste ‘ et respectueux de sa personne … Seule, la ‘ conversion ‘ intérieure, la ‘ renaissance ‘ dont parle Jésus, représente la véritable adéquation entre ce que je suis, et Qui est Dieu en moi … C’est à ce propos que Jésus, peut dire « Je suis ».
L’évangélisation à la « Bonne Nouvelle » est profondément là … Dieu s’incarne, aujourd’hui. Il est présent en chaque homme qui Le reconnaît en
lui-même, quelque soit la montagne où il a bâti son temple : « Crois moi, le moment vient où vous n’adorerez le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. ( … ). Mais le moment
vient, et il est même déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en étant guidés par son Esprit et selon sa vérité; car tels sont les adorateurs que veut le Père. » (Jean IV,
21, 24)
Certains bouddhistes, et non des moindres ( le dalaï-lama ), ont déjà fait le pas … Voici l’observation que fait Fréderic Lenoir : « « La
dernière grande divergence concerne la manière dont bouddhisme et christianisme se situent par rapport aux autres religions et le prosélytisme qui en découle. Le Lama insiste sur le fait que
chaque religion ou voie spirituelle de l’humanité est égale en dignité - même si les moyens divergent - chacune pouvant conduire les hommes à l’Eveil. A l’inverse le Moine a sans cesse rappelé la
position catholique qui pose la prééminence du christianisme sur les autres religions, même si l’Eglise reconnaît des parcelles ou des germes de vérité ailleurs. Si le ton et les formes ont
évolué, la position actuelle de l’Eglise vis à vis des religions en général et du bouddhisme en particulier reste fondamentalement la même que celle du pape Clément XII qui écrivait en 1738
au Dalaï-Lama : « Nous avons l’espérance motivée que, par la miséricorde du Dieu infini, vous en arriverez à voir clairement que seule la pratique de la doctrine de l’Evangile, dont votre
religion se rapproche beaucoup, peut conduire au bonheur d’une vie éternelle. »
On touche en fait ici à la question cruciale du statut de la vérité. Car si bouddhisme et christianisme insistent fortement l’un et l’autre sur la nécessité de «
chercher la vérité », comme un nécessaire discernement à opérer entre ce qui est vrai et ce qui est faux, les chrétiens se sentent dépositaires de la vérité ultime. Ils donnent à la vérité de
leur message un caractère absolu, trans-historique et immuable. A l’inverse, les bouddhistes ne prétendent pas être les dépositaires d’une vérité divine et établissent une subtile
distinction entre vérité absolue et vérité relative. Ils admettent que si la vérité absolue existe bien, elle n’est pas accessible en concepts ou en mots. Autrement dit, tant que nous
n’avons pas atteint l’Eveil, tant que nous sommes limités par nos catégories mentales, on ne peut professer que des vérités relatives - conception qui rejoint celle de Kant et qui apparaît
aujourd’hui comme un des postulats majeur de la modernité. Une telle conception, qui fait aussi paradoxalement le lit du succès du bouddhisme en Occident, conduit nécessairement à une attitude
missionnaire beaucoup plus pacifique et finalement à une certaine compréhension pluraliste des religions qui se distingue de la compréhension exclusiviste ou inclusiviste du christianisme. Au
delà d’un discours de politesse, c’est la raison pour laquelle le Dalaï-Lama ne cesse de dire aux Occidentaux qu’ils ne doivent pas chercher à changer de religion et à se convertir au
bouddhisme. A l’inverse, on considère du catholique que l’Eglise est dépositaire de la vérité universelle ultime, révélée par Jésus-Christ, et qu’elle se doit, comme le Christ l’y a
engagé, de transmettre cette vérité à tous les hommes. C’est la raison pour laquelle le pape tient le discours exactement inverse du Dalaï-Lama et encourage fortement les missions en terres
bouddhistes ou autres. » F. Lenoir dans un article sur: « J’ai organisé l’année dernière plusieurs rencontres inédites entre un lama tibétain et un père abbé bénédictin, qui a
donné lieu à un livre à deux voix sur le chemin spirituel dans le bouddhisme et dans le christianisme. »