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I’m a poor lonesome cowboy (3ème épisode de Ça rêve d’Amérique)

Publié le 24 décembre 2010 par Ctrltab

I’m a poor lonesome cowboy (3ème épisode de Ça rêve d’Amérique)

Hey, French girl, I’m a poor lonesome cowboy, errant dans Paris, sans son cheval mais avec sa bière. J’ai froid, faim pas encore, mais sommeil oui, et je cherche un toit. Je suis largué, paumé, tué par les miens, mes pairs ou pères, je ne sais plus, viré en un mot ; un jour, je te raconterais, peut-être.

J’ai l’habitude de me perdre, de me saouler, de traîner dans les rues et de me faire démonter par les clodos. Le lendemain, on me retrouve au poste, on hausse les épaules et les gens biens désespèrent : « Mais ce pauvre Jeff, où est-il encore allé se fourrer ? Ce type est fou, en plus d’être alcoolique, il est suicidaire… »

Que veux-tu que je leur dise? Moi, je beat generation, je tropique du cancer comment d’autres montrent leurs fesses, je vis Henry Miller et les vieux culs et cons, I don’t care!

Hey, nasty girl, I’m a long, long way from home, toi aussi? Ca te dirait qu’on se réconforte un peu tous deux? Un quart d’heure de kiff, qu’est-ce que c’est à l’échelle d’une vie ? Oublie ton fiancé, tes soucis, ton identité culturelle, ne deviens que cul et Elle…Femelle !

Je ne devais pas rentrer dans ton hôtel. Mes pas de poivrot me dirigeaient romantiquement vers le pont des Arts, où m’attendait sûrement mon heure de gloire. Je me serais fait casser la gueule par un compatriote américain qui n’aurait pas apprécié mon admiration excessive des nibards de sa girl-friend. Qui sait ? Avec un peu de chance, j’aurais même terminé dans la Seine. Moi, je reste calme et sincère, ce sont toujours les autres qui s’énervent…

Oui, mais ton hôtel s’appelle Bergson, il n’y a que les Français pour faire un tel tour de passe-passe et donner des noms de philosophe à leur hôtel de passe. Ca m’a intrigué, j’ai vu ta lumière, j’ai sonné. Tu m’as ouvert, aussi belle qu’une beauté baudelairienne, apparition blême ; j’ai rêvé poètes maudits, caveaux humides et chevelure aux « senteurs confondues de l’huile de coco, du musc et du goudron. »

Pour l’heure, tu es partie me chercher des serviettes, je n’ai encore rien dit, je t’attends grelottant dans le hall éclairé par le faisceau lumineux de la télévision et des cavalcades glorieuses de Clint Eastwood.

Hey, bro, lonesome cowboy, lonesome cowboy, you’re a long long way from home
Lonesome cowboy, lonesome cowboy, you’ve a long long way to roam, to roam…


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