Magazine Journal intime

ANPE : L'Agence A Remonter Le Temps.

Publié le 16 janvier 2008 par Mélina Loupia
Dans la famille "Semaine qui pue", je demande le mercredi. Qui commence très tôt le matin aux alentours de 4h12, lorsque je me suis rappelée que dès 9 heures pétantes, non seulement EDF allait me priver de lumière, électricité, chauffage et café, mais encore que si je ne m'endormais pas avant très rapidement, l'ANPE allait me radier pour dépôt de lapin pour sommeil lourd à l'heure du rendez-vous prévu. J'ai réglé le réveil pendant qu'il était encore temps pour 8h55, sur quoi, Morphée m'a enlevée pour une nuit chaotique. 9h10. Calme plat. Seule la radio locale m'informe qu'il va pleuvoir sur Carcassonne. Copilote n'est pas à sa place. Soit il est déjà debout, ce qui, en ce mercredi saint, et contribue au bon démarrage de ma journée merdique, soit il a continué sa nuit sur Ténérife, tel que je l'y avais laissé, après l'avoir secoué comme un prunier sauvage et qu'il m'a dit " Mais ça va, j'arrive...". Lorsque je pénètre le salon, je constate qu'il prend tout son temps pour arriver. Il dort à poings fermés et à bouche grande ouverte. Arnaud est déjà à son poste, à côté de son papa, les yeux rivés sur sa console et me jette un "Salut maman! Tu vas faire les courses?" Je viens de terminer de faire couler 2 tasses de café et je me dis que je devrais profiter du jus dans les fils pour en faire un thermos de 6 supplémentaires lorsque le silence total se fait. "Maman, y  a plus d'électricité? -Non chéri, mais on le savait, elle reviendra à midi, te fais pas de souci. -T'as eu le temps de faire le café, c'est cool! -Je te laisse mon portable au cas où Orange appelle, des fois qu'ils aient retrouvé l'épave de mon cargo de mails, ou Manuscrit qui m'annonce toutes les télés du mois de février, je rentre vers midi. -Ok, dis, si tu peux demander à EDF si c'est possible de récupérer le poteau en bois cassé, pour le jardin? -M'étonnerait que je puisse passer, ça sera coupé sûrement." Et je laisse mon duo extrême dans le froid et le gris du petit matin blême. A l'endroit prévu de la déviation, je ne vois pas de panneau et me dis que sans doute, le gros camion aura laissé le passage pour une voiture. Je constate qu'une fois de plus, ma confiance sans bornes dans les hommes publics est lourdement déformée au moment où je tombe nez à nez avec un bonhomme bleu qui imite très mal la poule qui tente de prendre son envol et me fait signe de reculer relativement poliment. Je me passerai donc de lui demander s'il pousserait son amabilité à son paroxysme en me cédant un des poteaux brisés par le vent. Je fais un demi-tour en 6 fois et je prends le chemin inverse jusqu'à la croisée des chemins qui me délivrera. Ce n'est que lorsque j'entre dans la ville que je me rends compte que je suis en retard et que la banderole signifiant aux Carcassonnais que les 2 artères principales étaient fermées à la circulation et que par conséquent, le flot incessant des véhicules audois serait contraint d'emprunter la voie unique, défoncée et engorgée pour se rendre à l'opposé. Finalement, après quelques petites infractions, je pointe à l'ANPE à l'heure exacte, comme la dernière fois. Comme la dernière fois, je ne suis pas inscrite sur la liste des invités. Comme la dernière fois, petite frayeur à 4, gros rire gras de soulagement " Je vous avais pas vue sur mon agenda, je vous prends tout de suite après la dame.". Je m'installe, elle sait d'avance ce que je vais lui dire. Pas de voiture, pas de taf dans mon coin si isolé que même les corbeaux le survolent à l'envers pour ne pas y voir la misère, trop d'enfants, un mari trop bon vendeur et surtout, surtout, pas assez d’ancienneté au pointage. "Bon alors, la dernière fois, il me semble qu'une radio vous proposait un CAE, mais qu'il vous manquait 3 mois de chômage. -Oui, c'était en septembre, depuis, il m'a relancée 2 fois. -Donc, il vous veut, et en théorie, il va vous avoir. Allez,  je lance votre dossier. -Parfait. Tiens, mon nom de jeune fille est écorché vif. -Ah? C'est pas ça? -Non, pas vraiment... -Bon, à voir avec les ASSEDIC, c'est eux qui gèrent ça je crois. Autre chose? -Non, ça va, c'est bien ma date de naissance. -Bon, en revanche, ça coince au niveau ancienneté. -Ah? -Oui, selon le dossier, vous n'avez que 7 mois de chômage. Attendez, je vais chercher une collègue, elle est la spécialiste des étrangetés." C'est donc à 2 qu'elles se penchent sur mon cas d'école. "Qui vous a dit qu'en septembre vous aviez 9 mois de chômage? -Je m'en souviens plus mais c'était pas vous 2. -Ouf. Bref, elles se sont trompées. -Elles m'ont dit qu'elles avaient grappillé ça et là dans les périodes. -Elles n'en ont pas le droit. Vous n'avez effectivement que 7 mois, il vous en manque 5. -J'aime bien le "que". -En revanche, je vois que vous n'avez pas l'ASS et l'ASS donne droit au CAE. -Je ne l'ai pas demandée. -Faites-le. Mais en plus, vous ne touchez aucune aide? -Non, je suis démissionnaire. Pour l'ASS, inutile, j'ai 3 enfants, un mari qui travaille trop et trop bien, vous comprenez, on roule sur l'or. -Je vois... Bon. Ecoutez, le patron de la radio, c'est un de nos partenaires, on collabore. S'il vous veut vraiment, qu'il nous appelle, y a peut-être un moyen, une condition qu'il remplit et qu'on ne connait pas, ou inversement. Quant à vous, continuez vos recherches, ne vous découragez pas, ne triez pas forcément les annonces en CDD à mi-temps avec Bac Pro exigé qui cachent souvent plus une indécision de la part de l'employeur à formuler son annonce plus qu'une sélection débile pour un petit contrat merdique. Mais je vous ai rien dit. Allez, bon courage, on se revoit vers la fin février, si vous êtes toujours sans emploi, ce que je n'espère pas." Je sors, il pleut. Sur le chemin du retour, le camion a disparu, je me dis que comme prévu, alors qu'il est 11h57, les travaux ont été effectués et que la lumière est à nouveau dans mon foyer. Je me fourvoie une fois de plus quand le même bonhomme trempé comme une soupe ne me regarde même pas pour me signifier de faire demi-tour si je veux pas me prendre un poteau en bois sur le capot, voire même la gueule. Même manœuvre aisée, même chemin inverse mais dans l'autre sens, et arrivée au bercail. Sans son ni lumière. Il fait encore plus froid. Je suis encore plus fatiguée. Copilote fait des bulles dans son bain. "Alors? -Alors rien, travaux de merde pas signalés comme la dernière fois. Arrivée à l'heure malgré tout comme la dernière fois, pas de solution comme la dernière fois, pas de poteau EDF pour cette fois. -Attends, je saisis mal, la dernière fois, il te manquait pas 3 mois de chômage pour avoir droit au CAE? -Si, mais figure-toi que ce matin, il m'en manquait 5, c'est à se taper le cul par terre de rire hein? -Bon, écoute, les éléments sont contre nous, je ne vois pas d'autre explication. -Ou alors, l'ANPE a inventé la machine à remonter le temps." J'ai dormi jusqu'à 14h17, la remise en fonction de l'électricité m'a réveillée. J'apprends alors par ce que je décèle comme un natif du continent africain que mon dossier "Mail disparus" suit son cours, et par un des courriers rescapés que EBay me cherche le poil sur mon œuf. Et on est "que" mercredi.

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