Isaac

Publié le 25 décembre 2010 par Banalalban

Ce passage se devra d’être très chorégraphique : tantôt combat, tantôt danse, les deux personnages évoluent de part et d’autre d’une structure qui rappelle celle d’un miroir, les deux personnages étant reflets l’un de l’autre, les deux personnages étant beaux.

On insistera notamment sur les mains des personnages qui n’auront de cesse de se toucher…

LUI 1 

LUI 2 en est le reflet fidèle.

(Note de l'auteur Isaac D.)

LUI1_ Depuis l’année de son arrivée,

Mon sang se retourne un peu,

Depuis l’année de son attitude,

Je ne suis pas sûr de ce qu’il a fait de mes mains,

Simplement l’appeler,

Je dois simplement l’appeler.

Je l’appelle ma place cachée,

Nous allons dans la face cachée.

Sous les fuseaux et la fibre, effilée.

Mon âme glisse dans le profond non-sens,

Tout au plus l’ai-je enfoncé d’un doigt,

Ce doigt qui m’a été donné de toucher,

Soulage ma passion cachée,

Sous les couvertures.

Je le cacherai sous la place cachée,

Gardé dans la face cachée.

Je le sais, les anges n’ont pas à saigner,

Je le sais, les droits n’ont pas à être votés.

Il est le plus beau et fragile de mes doigts,

Une des parties de moi,

Un atome de moi,

Un enfant invisible,

Caché dans l’air.

Comment pourrais-je encore le cacher ?

Dans cette place cachée ?

Dans cette face cachée ?

Resterons-nous dans cette place cachée,

Dans cette face cachée ?

Nous vivons dans une place cachée,

Nous vivons dans une face cachée.

LUI 2_ Pourquoi se faut-il que je souffre à sa place ?

Qui connait un garçon comme lui

Qui massacre mes blessures,

Les rouvrent après les avoir embrassées ?

LUI 1_ PAAAAAAAAAAAAAAS MOIIIIIIIIIIIIIIII

LUI 2_ Qui saura la beauté de son orgueil,

Qui verra la folie dans ses yeux,

Dans son miraculeux soupir ?

Qui saura qu’un garçon comme lui possède un magique sens de la sensitivité ?

Qui caresse mes solitudes et les vomit en vinaigre…

LUI 1_ C’est une conséquence, pas une cause…

LUI 2_ Il illumine son chemin et ne regarde pas derrière,

Où je me tiens,

Il ne voit rien si ce n’est un peu de mon intérieur.

LUI 1_ Qui saura ?

LUI 2_  Un train pour le Caire, un navire pour la Crête,

De cabine en cabine, je suivrai sa bouche sur le bord du quai.

De la bouche, d’un gamin comme moi,

De la bouche d’un gamin comme moi,

Il saura.

Il saura.

LUI 2_ J’ai fait la gaffe,

De tout lui dire.

Je me suis réveillé,

Et le jour s’est rompu.

J’ai tenu mes orteils,

Une terrible gueule de bois en pleine face.

J’ai regardé le soleil, brûlé les yeux,

Et j’ai su que le jour serait parfait :

LUI 2 imitant LUI 1_ « Tout t’appartient,

moi,

mon être,

mon âme,

tout est tas toi. »

LUI 1_ Là ça fait chier.

La gaffe était faite,

Le soleil s’est bien foutu de ma gueule.

Si tu te réveilles sur la couche

D’une formidable gueule de bois,

Note bien :

Ferme ta gueule,

Ne décide rien :

Il n’y a pas de grand jour,

Rien n’appartient à personne,

Aucune surprise,

Juste une immense connerie :

LUI 1 imitant LUI 2_ « Quoi ? Qu’est ce que tu chantes ?

T’entends des anges ou quoi ?

Qu’est ce que tu pupipotes ?

Couche toi et rince toi la bouche !

Rien ne m’appartient.

T’es encore bourré. »

« Je t’aime et je t’appartiens mais chut, chut… laisse le soleil te crever les yeux, je ne suis pas assez clair pour te répondre,

Je le regrette, c’est trop pour moi…. »

LUI 2_ Ca ne définit pas forcément une dispute

Ni une bataille,

C’est juste un peu de fruit

Sur l’arbre de notre relation.

Ca ne veut pas dire que tout est fini,

Tout au plus que j’essaye de manière trop définitive

De te définir.

Ca ne veut pas dire que j’essaye de manière trop difficile,

Ca ne veut pas dire que c’est notre dernière dispute,

C’est juste que je me laisse un peu plus aller à une dispute appelée.

Il fait froid non ?

Je ne te demanderai pas de me prendre dans tes bras, j’ai trop peur de ce que cela impliquerait.

LUI 1_ Ne le fais pas.

LUI 2_ Répète une voix,

Ce ne veut pas dire que c’est définitif,

Juste que je prie de ne plus avoir peur.

Tout est clair pour toi,

J’ai du chemin à faire pour croiser le tien,

Ca ne veut pas dire que cela soit définitif,

J’ai besoin d’y réfléchir.

Et quand nous serons vieux,

Quand nos mains se seront flétries,

Nous le ferons,

C’est juré,

Nous le serons,

Amants,

Ou même un peu plus.

Mais pour l’instant, la voix a raison de moi,

Je ne le ferai pas,

Repars.

Dans la lumière.

Je voyage dans l’ombre.

En souterrain.

LUI 1_ Va te faire voir, mon grand.

Tes doutes, je les mange et les régurgite en petite pelote de courant,

Je les laisse dériver et cherche une copie plus moderne,

Une empreinte de ce que tu serais, si tu n’écoutais pas le secret,

Si tu n’écoutais que ta voix.

Je me contre quart de ses oranges que tu m’offres entre deux orties,

Car elles forment un parterre qui pourrit en toute simplicité,

Dans cette poésie païenne,

LUI 2_ Je vois bien que tu te fous de ma bobine.

LUI 1_ Toute cette l’haine, j’en défais les boucles,

Et les envoie au diable,

Je ne t’attendrai pas toute ma vie.

Mon sang bout,

Pulse en toute simplicité,

Avec lequel je tente de t’oublier.

J’y vois clair :

J’fais des chaussettes de ta honte, de ta fragilité, les détricote à ma guise et me torche le cul avec,

C’est une nature humaine de ne pas t’attendre,

Tu aurais du l’apprendre.

LUI 2_ en aparté :J’ai menti,

J’ai menti,

J’ai trahi,

Je retricote dans le secret,

Cette fois je garderai le tout pour moi,

Pour m’y blottir lors des grands froids.

Comment puis-je mentir,

Faire semblant d’être fort ?

Je ne peux rien faire de moi-même.

LUI 1 seul _ Maintenant je suis seul.

Une berceuse s’enfonce insidieusement dans mon crâne.

Il est loin maintenant et je crois savoir que l’on se doit de ne plus rien attendre.

Alors on fait semblant,

Suivant chacun sa petite musique,

Suivant chacun le petit ogre de barbaries

Qui fait qu’on se sépare

Que notre itinéraire commun se déforme,

Se déforme.

LUI 2 seul :_ Capturé dans une monocorde plainte,

Ou un murmure, presque un pleur,

De crépuscule en crépuscule,

Je déteins.

Je m’éteins.

Dans la laine du passé,

Depuis la poche de ton jean, arrachée,

Jusqu’au tout qu’il reste encore à tricoter.