Comment peut-on encore croire en Dieu ? F. Savater

Publié le 26 décembre 2010 par Perceval

Fernando Savater dans son livre : "  La Vie Eternelle, Éloge des Incroyants" s’interroge « Comment peut-on encore croire en Dieu, en l'au-delà, en tout le cirque surnaturel? »


Passant de la sincère incompréhension à l'analyse des mécanismes qui sous-tendent les croyances, l’auteur interroge avec sincérité tout ‘ croyant ‘ … Il part du principe, qu’il interroge « des personnes intelligentes, éduquées, sincères dont les capacités et le courage intellectuel ne peuvent absolument pas êtres mis en doute; des contemporains, avec qui je partage la réalité technologique et virtuelle du 21éme siècle »

De mon côté, je pars du principe qu’il ne s’adresse pas au terrorisme d'Al-Qaida, à l’inquisiteur, à l’intégriste … M. Savater veut prendre la religion au sérieux, « non comme un résidu du passé, mais comme une chose  fiable et  stable qui   chemine depuis nos origines, quelque soit notre culture, jusqu'à maintenant. »

« Les croyants, dans la grande majorité. ne considèrent pas leur foi comme métaphorique ou poétique du mystère de l' Univers ou de la vie  (ce qui pourrait être acceptable intellectuellement), mais comme des explications efficaces de ce que nous sommes et pouvons espérer. » 

Je n’évoquerai pas non plus la religion : comme le « meilleur fondement des valeurs morales »…

Plus intéressant est cet autre aspect « dont se préoccupent les croyances religieuses, l'univers , le sens de la vie, la mort, les valeurs morales, la liberté etc., qui sont aussi les thèmes de la réflexion philosophique. » . «  À la question rituelle: "Qu'est-ce-que la philosophie?"  Luc Ferry, philosophe français, répond simplement: une tentative d'assumer les questions religieuses sur un mode non religieux, voire antireligieux. »

Il ajoute : « La science et la religion résolvent, chacune à leur manière, les problèmes, tandis que la philosophie parvient au mieux à nous guérir du souci de résoudre ce qui est peut-être insoluble.. ».

C’est vrai que la religion semble donner une réponse, pourtant je ne dirais pas ça …

La religion …-  je préfèrerais dire « la spiritualité », car je suis, ici, hors doctrine, et hors théologie … - étend la question au-delà de nos références rationnelles… Elle admet de naviguer dans un espace non borné par nos connaissance objectives …  Au nom de quoi ? Au nom de la ‘transmission’ ( ma tradition, ma culture, mes rencontres …) , au nom de la connaissance de soi, au nom de l’expérience intime, au nom de la rencontre … Tout cela, qui bien sûr, déjà nous éloigne, l’un de l’autre …

Je remercie F. Savater, de dire que « Dans cet ouvrage, il s'agit de parler des doutes et des tâtonnements, pas de croyances qui dispensent de continuer à penser. »

Moi, je ne crois pas aux « preuves » de l’existence de Dieu …

« L'illusion de croire. »

F.S. admet que « En quelque matière que ce soit, on croit toujours en quelque chose. »

« Richard Feynman nous a laissé ce qui suit:" ce qui n'est pas entouré d'incertitude ne peut pas être une vérité". », Oui, je partage …

Je reconnais, comme F.S., que ‘la foi’ ( en soi, ;etc ;;) est utile pour une action donnée… Au delà, il se rebelle, contre la foi-illusion, celle des crédules, justifiée par ses seuls désirs… On ne parle pas des raisons sociales qui pourraient expliquer le besoin de cohésion sociale , ou la pression du mimétisme social … Par contre, je n’échapperai pas, au reproche que le véritable fondement de la croyance, serait le ‘désir de croire’ .. !

-   Le désir, de voir une justice dans l’au-delà ( enfin, punir le méchant ! )

-   Le désir, de ne pas ‘mourir’…

-   Le désir, d’être ‘quelqu’un ‘ : « . Pour lui, nous serons quelqu'un et nous le resterons toute l'éternité durant »

-   Le désir, de trouver un ‘sens’ à la vie ...

Il est vrai, que ces désirs, en moi, existent … Et ce qui est ‘extra-ordinaire’, c’est que la spiritualité même, s’en méfient … Le bouddhisme, - qui à ce propos, m’enseigne le plus -, appelle à la connaissance et à la disparition de ces « illusions »… De nombreux mystiques chrétiens, le rejoignent ( Thérèse d’Avila, maître Eckhart, …etc ). Croire, c’est se libérer de beaucoup d’illusions … !

« . Le spiritualisme et l'athéisme ne sont pas forcément opposés. » (…) « (Ainsi, des religions dont les dogmes ne font pas intervenir la notion de divinité peuvent, dans une certaine mesure, être considérées comme athées, tel le bouddhisme. Il existe également des personnalités, tels que le théologien John Shelby Spong, qui se définissent à la fois comme chrétiens et non-theistes.) »

A mon sens, je ne sais pas si je serais chrétien, si je ne passais pas par Jésus. Ou, « Croire en Dieu » sans référence à Jésus, n’a pas vraiment de sens… Il y a beaucoup de ‘ figures ‘ de Dieu, qui ne sont que des idoles ; je n’y crois pas… !

Je peux parler de Dieu, parce que Jésus, m’y conduit.

Je n’ai pas fini de lire «  La vie éternelle : Eloge des incrédules », de F. Savater… Sa lecture m’est vivifiante…

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Paroles de Simone WEIL:

« Cas de contradictoires vrais. Dieu existe, Dieu n’existe pas. Où est le problème ? Je suis tout à fait sûre qu’il y a un Dieu, en ce sens que je suis tout à fait sûre que mon amour n’est pas illusoire. Je suis tout à fait sûre qu’il n’y a pas de Dieu, en ce sens que je suis tout à fait sûre que rien de réel ne ressemble à ce que je peux concevoir quand je prononce ce nom. Mais cela que je ne puis concevoir n’est pas une illusion. » (L’athéisme purificateur)

« Entre deux hommes qui n’ont pas l’expérience de Dieu, celui qui le nie en est peut-être le plus près. Le faux Dieu qui ressemble en tout au vrai, excepté qu’on ne le touche pas, empêche à jamais d’accéder au vrai. Croire en un Dieu qui ressemble en tout au vrai, excepté qu’il n’existe pas, car on ne se trouve pas au point où Dieu existe. » (Ibid.)

« La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi : en ce sens l’athéisme est une purification. Je dois être athée avec la partie de moi-même qui n’est pas faite pour Dieu. Parmi les hommes chez qui la partie surnaturelle d’eux-mêmes n’est pas éveillée, les athées ont raison et les croyants ont tort. » (Ibid.)