Parfois, lorsque je n'arrive pas à dormir, je compte les plumes de ma couette qui arrivent à s'échapper. Elles réussissent l'exploit de s'extraire vaille-que-vaille du douillet de leur origine pour s'infiltrer au travers de la housse et finissent par atteindre l'extérieur qui est en un sens mon intérieur propre.
Il m'arrive la plupart du temps de ne pas les remarquer mais il arrive aussi qu'elles parviennent à s'imposer d'elles-même et alors elles me piquent.
On dit des plumes qu'elles sont douces, mais ce n'est pas vrai tant il est un fait vérifiable : elles piquent.
Elles me piquent partout : sur les jambes, les pieds, les coudes, les seins, les épaules et parfois la joue (ces dernières proviennent de mon oreiller et c'est une autre histoire que cette histoire d'oreiller et il ne convient pas ici de l'évoquer).
Les plumes de ma couette sont perfides : si je ne les repère pas, elles se décrochent et tombent au sol. Au matin, elle s'agrippent à mes pieds et, lorsque l'eau de la douche les atteint, elles se collent, molles et flasques : elles perdent de leur superbe.
Alors je les compte. Méticuleusement.
En même temps je n'ai que ça à faire lorsque je me retrouve seule dans mon petit lit.
Je les repère et les compte, aussi simplement que ça.
Et je constate ainsi la fuite en avant de ma couette qui lentement et inexorablement, se désépaissit...
En fait je m'emmerde......................
Faut vraiment pas être un génie pour comprendre qu'une nana qui compte des plumes dans un lit est une nana seule qui s'emmerde terriblement...