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27 décembre 1974 | Les Vêpres siciliennes à l’Opéra de Paris

Publié le 27 décembre 2010 par Angèle Paoli
Éphéméride culturelle à rebours

   Le 27 décembre 1974, sous le mandat de Rolf Liebermann*, nouvellement nommé (1er janvier 1973) administrateur de la Réunion des théâtres lyriques nationaux **, est représenté pour la première fois au Palais Garnier, à Paris, l’opéra de Giuseppe Verdi Les Vêpres siciliennes, dans une scénographie de John Dexter. Un des grands chefs-d’œuvre de l’opéra que Rolf Liebermann a entrepris de ramener sur les devants de la scène pour que l’Opéra de Paris puisse retrouver son faste d’antan.

  La direction musicale de l'opéra est assurée par Nello Santi. Ruggero Raimondi interprète le rôle de Procida. Placido Domingo celui d’Henri de Montfort (Arrigo). La soprano portoricaine Martina Arroyo interprète le rôle d’Hélène.

  Créé à Paris le 13 juin 1855 à l'Académie Impériale de Musique de Paris, en présence de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie, Les Vêpres siciliennes (I Vespri siciliani) est un opéra en cinq actes, composé à partir d’un livret d’Augustin Eugène Scribe et de Charles Duveyrier. Commandée à Verdi à l’occasion de l’Exposition Universelle, écrite expressément pour Paris, cette œuvre ― premier opéra français de Verdi ― met en scène l’insurrection sicilienne du 31 mars 1282 (lundi de Pâques) conduite par Roger de Lauria et Giovanni Procida, contre la politique oppressive de Charles 1er d’Anjou et contre l’occupant français. Cette insurrection est déclenchée le jour même de la célébration du mariage de la duchesse Hélène avec Henri de Montfort, fils du gouverneur de l’île. Le signal d’alarme ayant été donné en sonnant les cloches, à l’heure des vêpres. Les Siciliens envahissent la cathédrale, massacrent les Français et se placeront dès lors sous la protection espagnole des Aragon.

  Giuseppe Verdi et ses librettistes, considérant cet événement historique sous l’angle contemporain de la montée des nationalismes en Europe, l’adaptent à leur guise en mélangeant fiction et réalité. Notamment saluées par Hector Berlioz, Les Vêpres siciliennes remportent un vif succès. Verdi entreprend alors de faire traduire son opéra en italien. La création de la version italienne aura lieu à Parme le 26 décembre 1855. La partition française tombe quant à elle dans l’oubli et ne connaît un regain d’intérêt qu’à l'orée du XXIe siècle (Opéra de Paris-Bastille, juin 2003, sous la direction de James Conlon).

   Considérée par les spécialistes comme un semi-échec, notamment sur le plan théâtral, cette œuvre de maturité marque cependant une étape importante dans l’évolution de la création verdienne. En particulier, l’emploi de la forme ternaire française ABA (structure similaire de la 1re et de la 3e partie), qui constitue une avancée importante et contribue à la libération et au développement de l’art lyrique, qui atteint son apogée avec Othello et Falstaff.
  Pour ce qui est des Vêpres siciliennes, le grand souffle lyrique culmine dans de nombreux airs, acte II, dans l’air de Procida « Et toi, Palerme, ô beauté qu’on outrage » ou encore, acte III, dans l’air de Montfort « Au sein de la puissance » ; acte IV dans le quatuor « Adieu, mon pays je succombe ». Acte V, la joyeuse bolero d’Hélène, « Merci jeunes amies », qui fait contraste avec les scènes hautement dramatiques, apparaît comme une agréable digression.
  En dépit de ses défauts, Les Vêpres siciliennes offrent des moments de très grande beauté. La combinaison du goût français et de la fougue italienne, mis au service de l’expression des sentiments, mettent Giuseppe Verdi sur la voie de ses grands opéras à venir.

Angèle Paoli


* À l’occasion du centenaire de la naissance de Rolf Liebermann (1910-1999), la Bibliothèque nationale de France et l’Opéra national de Paris consacrent actuellement (du 14 mars 2010 au 13 mars 2011) une exposition autour de Rolf Liebermann (l’un des plus grands directeurs de théâtre du XXe siècle) dans les espaces de la Bibliothèque-musée de l’Opéra.
** La Réunion des théâtres lyriques nationaux, qui sera dissoute en 1978 au profit du Théâtre national de l’Opéra de Paris.




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