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Top Albums 2010 (ou les disques qui ont fait plaisir à mes oreilles cette année.)

Publié le 28 décembre 2010 par Routedenuit

J’ai longtemps réfléchi avant d’écrire cette note. J’ai longtemps réfléchi parce qu’il était hors de question que cela ressemble à un catalogue ou à une liste que l’on finit par ne pas lire, parce qu’on sait très bien que, les listes, c’est chiant. Néanmoins, vu que j’aime bien tout ce qui est chiant, j’ai quand même décidé de faire une liste. Bon, certes, les blogueurs ont déjà publié leur top-à-eux il y a 15 jours, mais pour être tout à fait honnête, j’ai du écouter que 6 ou 7 des disques de leur sélection. Alors je sais pas encore si c’est une preuve manifeste de mon inculture crasse, ou si le problème est ailleurs. Toujours est-il que j’ai décidé de faire mon mien à moi, rapport à ce que Noël est passé, que j’ai le temps et qu’on reprendra La Musique et les Fictions de Minuit la semaine prochaine. Je profiterai d’ailleurs sûrement de la semaine prochaine pour vous faire un petit topo sur les alléchantes sorties à venir. En attendant, c’est parti. Cette année, dans l’autoradio, il y avait :

(10) The Hundred in the HandsThe Hundred in the Hands (Warp)

Top Albums 2010 (ou les disques qui ont fait plaisir à mes oreilles cette année.)
Deux new-yorkais de Brooklyn dont le nom ne veut rien dire, que je découvre lors d’un concert à emporter de la Blogothèque en septembre dernier. Au premier abord, leur pop teintée d’électro n’a rien de fantastique, pourtant leur musique est tout bonnement addictive. Eleanore Everdell chante d’une voix simple légèrement samplée, tout à fait agréable sur des rythmiques qui ne sont pas sans rappeler la disco des années 80. On pourrait danser sur The Hundred in the Hands, tout comme on pourrait aussi regarder la Lune en écoutant Pigeons. C’est un super album pour danser sans bouger, en fait. Bref, une très jolie découverte de 2010. Inutile de dire qu’on attend la suite en trépignant.

(9) CocoRosieGrey Oceans (Touch & Go Records)

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On connaît les soeurs Casady depuis longtemps. Avec elles, nous sommes d’accord, aucune demie-mesure. On les adore, on les déteste depuis leur premier album. Nombreux sont ceux qui ont attendu ce disque avec l’impatience des enfants un matin de Noël, nombreux sont donc ceux qui sont tombés de très haut quand ils ont vu la pochette de Grey Oceans à base de police Word visuellement illégale et de barbes de pirates en mousse. Passé ce cap, on retrouve très vite le superbe contraste entre les voix à la fois lyriques et enfantines des soeurs. Entre sonorités tribales, morceaux à tiroirs, euphorie et mélancolie, les CocoRosie ont fait de ce disque un indispensable de vos discothèques.

(8) Agnes Obel – Philharmonics (PIAS)

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Philharmonics est le premier album d’Agnes Obel qui a été repérée à Berlin après qu’un de ses titres a été sélectionné pour habiller la publicité d’une marque de téléphonie. Ce disque est une invitation à explorer l’enfance avec des yeux d’adultes. Les mélodies sont naïves, douces-amères, chantées ou non, comme pour servir un scénario que la musicienne délivrerait au fil des pistes. On est immédiatement transporté dans un univers presque fantastique, intimiste qui ne peut être qu’un bon présage quand à la carrière de cette jeune chanteuse qui rencontre déjà un franc succès en Europe. Un très bel album à côté duquel il serait vraiment dommage de passer.

(7) Peppermoon – Les Moissons d’Ambre (IC Music)

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Si le premier album (Nos Balades) de ce trio pop parisien était aux couleurs de l’été, Les Moissons d’Ambre est un disque automnal, rouge orangé. Alors à la première écoute, on a l’impression de quelque chose de très naïf à la limite du mièvre. À la seconde écoute, on comprend que ce disque est une une porte qui s’ouvre sur un double-discours très joliment orchestré par Iris, la chanteuse et les instruments de Pierre et Benoît. La musique de Peppermoon joue sur le même registre que celle d’Agnes Obel, il s’agit d’être adulte, et de ces grandes promenades en forêt du dimanche après-midi. En se souvenant comme c’était bien et en apprivoisant doucement la saveur des nouvelles.

(6) Kanye WestMy Beautiful Dark Twisted Fantasy (Def Jam)

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Qui est Kanye West aujourd’hui ? Nous sommes d’accord pour dire que c’est une mégalomanie sans bornes, un égo planétaire et une prétention quasi-puante. Ouai, ouai. Manque de bol, Même si MBDTF n’apporte rien de nouveau, ça fonctionne. Super bien. Pour cet album, il a fait appel à Jay-Z, T. Pusha, Bon Iver ou encore John Legend, témoignant une fois encore de sa volonté d’être crédible sur plusieurs tableaux. Même si cet album est un bordel sans nom, c’est un bordel épique, puissant et grandiloquent. Un bordel presque un peu trop écrit et calculé pour être honnête. Enfin, le résultat est là. On danse.  À écouter : Lost in the World / So Appalled / Power / Dark Fantasy.


(5) Bonobo – Black Sands (Ninja Tune)

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L’homme qui se cache derrière Bonobo depuis 2000 s’appelle Simon Green et c’est depuis cette date un incontournable du downtempo, musique tout aussi relaxante que transcendantale à base de hip-hop et d’électro. En mars 2010, il publie Black Sands, le résultat d’un long travail avec une chanteuse ensorcelante : Andreya Triana. Surprenant, c’est le mot qui vient à l’esprit quand on connaît ses disques précédents. Black Sands recycle les classiques largement exploités dans les trois premiers albums, en n’hésitant pas à pousser le beat. Accordéons, violons, clarinettes, harpes sont magistralement arrangés. Cet album est un ticket pour une transe cotonneuse et confortable des plus plaisantes.

(4) Francesco Tristano – Indiosynkrasia (InFiné)

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Ce jeune musicien luxembourgeois de 29 ans est un pianiste classique internationalement reconnu, qui a fait ses classes à New York et avec l’Orchestre National de Russie. Alors autant le dire tout de suite, cet album est une merveille. Tristano réussit à nous plonger dans un état de concentration forcée tant on ne veut pas manquer une seule note de ce travail on-ne-peut-plus-finement délivré. Tout est ciselé et magnétique, mélangeant habilement le jazz, les musiques classiques et électroniques. C’est comme si Arvo Pärt était né une deuxième fois dans un monde différent. À lire : la chronique de Violette ROLL à son propos. À écouter : Nach Wasser der Erde.


(3) The Black KeysBrothers (Cooperative Music)

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Blues, pop, soul, rock. On ne sait pas vraiment par où commencer quand on parle de Brothers tant cet album est complet. On ne s’attendait d’ailleurs pas à voir revenir les Black Keys à ce niveau. En mai 2010, ils nous ont proposé un disque équilibré, fort et transpirant. Transpirant parce que l’écoute de Brothers est véritablement intense. Le son est riche, très travaillé, comme frotté au cuir pour donner à la voix de Dan Auerbach ce quelque chose qui vous reste dans l’oreille pendant de très longues heures. Brothers réussit à merveille le pari du contraste entre la masse et l’envol. C’est un disque véritablement tellurique vers lequel on revient comme une évidence, tant on finit par avoir besoin de l’atmosphère qu’il installe…

(2) Serafina Steer – Change is Good, Change is Good (Static Caravan)

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Fraîcheur, légèreté, audace et modernité. Le deuxième album de Serafina Steer est une ode parfaite au charme anglais. Change is Good… pourrait en effet paraître très simple si il n’était pas si complexe. L’habile mélange de harpe, qui est son instrument de prédilection, et d’électro nous offre un condensé de morceaux délicieusement lunaires, nous rappelant parfois Regina Spektor ou Aurevoir Simone. Ce disque distille tout au long des pistes une certaine ambition, couplée d’une vraie humilité ce qui permet d’intégrer un univers à la fois tendre et dense, avec l’envie d’y rester pour un certain temps.

(1) Bertrand BelinHypernuit (Cinq 7)

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Une guitare, une voix qui se pose là, comme une évidence. Des textes fins, ciselés et poignants. Une histoire inspirée que Bertrand Belin nous raconte sans fioritures. Un coup de coeur évident pour un artiste de plus en plus incontournable, soutenu par Cinq 7, un label de plus en plus incontournable lui aussi. Est-ce ce parfait mélange de retenue et d’intensité, de dignité et d’émotion qui fait d’Hypernuit un disque d’une élégance folle ? Certainement. Cette voix se pose parfaitement sur des guitares aussi bien sèches qu’électriques, tout en conservant la sobriété nécessaire à la crédibilité des messages. Hypernuit est un album idéal, d’un artiste qui l’est lui aussi. Il y a chez Bertrand Belin suffisamment de charisme, d’intelligence, de recul et d’humilité pour faire de ce disque celui qui m’a le plus marqué en 2010.

Vous pouvez écouter la playlist de ce Top sur Deezer !

Pour Serafina Steer, elle est sur Spotify.

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