Nous sommes montés ensemble dans sa chambre, j’ai pris la clef 19 avec moi et il m’a suivie dans l’escalier. J’espère qu’il a bien regardé mes bas à pois et tenté d’imaginer ce qu’il y avait sous ma jupe. Il n’y avait aucune raison que je l’accompagne. J’aurais très bien pu lui indiquer l’étage, l’emplacement de sa chambre après lui avoir séché les cheveux, après lui avoir massé le crâne, après avoir senti si près sa chaleur et sa demande… Nous en serions restés là, chacun sur nos rivages, moi, la veilleuse de nuit et lui, le client bourré.
Confusion des langues étrangères. Un instant, j’ai douté. Peut-être me prenait-il pour une autre que je n’étais pas… Peut-être s’imaginait-il avoir affaire à une de ces femmes qui attendent dans les hôtels pour être prises… Étrangement, ce malentendu entre nous me plaisait.
- What’s your name ?
- Natacha.
- Et toi ?
- Jeff.
J’ai refermé la porte derrière moi. J’ai posé mon Beretta sur la table de chevet comme une ultime prière à Sainte-Rita. J’ai baissé, enfin, les armes et, sans rien dire, je me suis déshabillée, lentement, doucement. Il a saisi le petit pistolet. Il aurait très bien pu tirer, comme ça, pour le plaisir ; cette arme est si jolie. Moi, je m’en foutais. Roulette russe ou branlette espagnole, baiser ou mourir, ça revient un peu au même, non ?
Enfin, je me sentais vivre, de nouveau, même si je jouais ma scène finale. Alors, je n’ai rien trouvé de mieux que de reprendre les dernières mots de Nicole Kidman adressés à Tom Cruise dans Eyes Wide Open : « let’s fuck ! »
Demain, il y aura peut-être un avenir.