portrait. Cécile Durand-Mignard, une artiste d'aujourdhui, expose ses toiles en janvier à Saint-Marcel.
article de 2010
Cécile DM est professeure d’arts plastiques, mais pas que. Elle peint, beaucoup, et ses oeuvres explosives seront exposées au Réservoir de Saint-Marcel en janvier.
Double jeu. À 38 ans, Cécile mène de front sa carrière de professeure en collège et sa passion pour la peinture. Cette artiste s’inspire des arts de la rue et mêle bombes, pinceaux et pochoirs pour superposer matières et couleurs.
Ses toiles sautent immédiatement aux yeux. Des visages, des mots, des symboles. Beaucoup de couleurs et un résultat final qu’on croirait arraché à un mur auquel l’artiste aurait donné une seconde vie. Sauf que c’est dans son appartement que Cécile Durant-Mignard invente ses personnages et sa peinture.
Couleurs et coulures
Ses toiles s’entassent un peu partout, « je produis beaucoup », explique-t-elle, et son coin de salon transformé en atelier fourmille de bombes de peintures. Ces bombes qu’elle a découvertes il y a une douzaine d’années, après son arrivée à Chalon, grâce à un ami graffeur. « Il m’a fait connaître le street art et m’a emmenée dans une boutique à Lyon qui vendait des bombes. C’était le pied total !». Car depuis longtemps, Cécile Durand-Mignard cherchait les textures qui lui convenaient. Après l’acrylique et le mélange des matières, elle découvre donc la peinture à la bombe. Elle l’utilise sur des pochoirs ou les vide dans un pot pour peindre au pinceau. Elle aime superposer les motifs, les couleurs et les coulures. « J’aime l’idée de la pièce unique qui n’est ni lisse, ni normée, ni parfaite », analyse-t-elle. Ses références foisonnent : la BD, le graffiti, le pop art, les grands classiques ou encore la calligraphie.
Au début de sa quête, influencée par un père saxophoniste, il y a eu la musique. « Mais j’ai vite compris que c’était dans la peinture que je pourrais parvenir à un travail abouti », raconte-t-elle. Cécile Durand-Mignard grandit à Paris, suit des études d’arts plastiques et découvre qu’elle peut concilier passion et profession en devenant enseignante. Elle aime le contact avec les adolescents tout en regrettant que l’éducation artistique n’ait pas plus d’importance. « Vu l’état du monde, on a intérêt à réveiller la créativité », estime-t-elle. Car c’est ce monde qui l’interroge. Un monde « noir » qu’elle peint « en couleurs ». « À quel moment le monde va-t-il dépasser les êtres humains ? se demande-t-elle. Les gens s’ennuient et sont étouffés par les obligations. Mais j’arrive à l’accepter, donc j’espère ».
Un art sans élitisme
Depuis toujours, pour respirer, Cécile Durand-Mignard crée. Après l’art postal, la vidéo ou encore la musique électronique, elle se concentre sur la peinture. Et ça marche. Sans qu’elle le cherche, ses toiles ont trouvé un public. Elle a remporté le 1 er prix d’un concours lancé par l’association Cinq sens en 2008, a vendu toutes ses toiles exposées dans un bar chalonnais et a participé à une exposition à Paris. Peut-être parce que Cécile Durand-Mignard ne transige pas et couche sincèrement ses humeurs sur la toile : « J’ai envie que l’art rentre dans les maisons et que mes toiles soient accessibles ». Si elle a mis du temps à oser montrer ses œuvres, elle a encore du mal à y apposer une étiquette de prix. Tout en rêvant, un jour, de vivre de son art. « Sinon, tant pis. Je continuerai à peindre ».
Pour la découvrir, rendez-vous au Réservoir, à Saint-Marcel, en janvier. « The sexy wars » proposera le regard croisé de l’artiste et d’une photographe chalonnaise, Ingrid Delbergue. Le vernissage aura lieu le 13 janvier et parce que Cécile Durand-Mignard se joue des conventions, ce sera une grande fête sans chichis et la peintre sera... aux platines !
Sarah Fréquelin
permalien du journal :
http://www.lejsl.com/fr/permalien/article/4379322/Des-bombes-pour-dire-le-monde.html
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