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1er janvier 1449 | Naissance de Laurent le Magnifique

Publié le 01 janvier 2011 par Angèle Paoli
Éphéméride culturelle à rebours

Le 1er janvier 1449 naît à Careggi (Florence) Laurent de Médicis, dit le Magnifique.


Laurent Le Magnifique

Gherardo di Giovanni,
Portrait de Laurent de Médicis, dit le Magnifique, 1488
détrempe sur parchemin, 33 x 22,5 cm
Napoli, Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III


LA MAGNIFICENCE DES MÉDICIS

   Petit-fils de Cosme l’Ancien (1389-1464), Laurent est le fils de Pierre de Médicis (dit le Goutteux) et de Lucrezia Tornabuoni. Issu d'une famille de riches banquiers éclairés, Laurent de Médicis reçoit une éducation extrêmement soignée. Élevé dans l’esprit humaniste, le jeune garçon a pour maîtres les plus brillants savants et érudits de Florence : Cristoforo Landino lui enseigne la rhétorique, Argyropoulos, le grec, Marcile Ficin, la philosophie. Antonio Squarcialupi, organiste de la cathédrale de Florence, l’initie à la musique et Luigi Pulci, à la poésie. Le jeune élève montre d’ailleurs dans ce domaine de brillantes dispositions qui le conduisent à composer des poèmes dès l'âge de quatorze ans. À la mort de son père, survenue le 2 décembre 1469, Laurent s’affirme comme le véritable seigneur de Florence. Hissé au rang des princes les plus puissants, Laurent de Médicis n’a pas de mal à accentuer le caractère monarchique de son pouvoir. Son mariage avec Clarice Orsini, une « étrangère » issue de la vieille aristocratie romaine, permet à Laurent de s’assurer de solides alliances avec la famille de son épouse qui compte nombre de cardinaux. Cette alliance permettra au fils cadet de Laurent et de Clarice, Jean de Médicis (1475-1521), de conduire une belle carrière ecclésiastique. Cardinal à quatorze ans, Jean devient pape en 1513, sous le nom de Léon X.

  La magnificence des Médicis se construit également sur le mécénat, auquel Cosme l'Ancien était déjà très attaché. Protecteurs des artistes et des savants, les Médicis ont favorisé, au sein de la puissante cité toscane, l’épanouissement des lettres et des arts. Pierre le Goutteux s’était attaché à suivre Sandro Botticelli ; Laurent de Médicis héberge le jeune Michel-Ange dans le palais de la Via Larga et crée pour lui, dans les jardins du palais, une école de sculpture. Léon X, grand amateur d’art et collectionneur d’œuvres de l’Antiquité, sculptures et manuscrits, fait de Rome un lieu privilégié pour les artistes. Le pontife y accueille les peintres maniéristes Pontormo et Andrea del Sarto. Et nomme le peintre Raphaël (Raffaello Sanzio), à qui il confie de nombreuses réalisations, inspecteur général des arts. Quant à l’arrière-petite fille de Laurent le Magnifique, Catherine de Médicis (1519-1589), elle fait appel aux plus grands artistes maniéristes italiens de son temps — Rosso Fiorentino et Le Primatice — pour décorer le château de Fontainebleau.

L’ADORATION DES MAGES DE BOTTICELLI

Botticelli , L'Adoration des Mages

Sandro Botticelli, L'Adoration des Mages, v. 1476
Tempera sur bois, 111 x 134 cm
Gallerie Degli Uffizi, Firenze
Source


  Vers 1476, Sandro Botticelli réalise une Adoration des mages. Cette commande d’un éminent courtier de la corporation des changeurs, était initialement destinée à la riche chapelle funéraire de Gaspare Zanobi Del Lama, à Santa Maria Novella. Elle sera ensuite déplacée, en 1566, par François 1er de Médicis qui s’appropriera le chef-d'œuvre pour en orner son palais.

  Dans ce tableau grandiose, Botticelli exalte la famille de Médicis. Dans le même temps, le peintre réalise une symbiose harmonieuse entre scène profane et scène sacrée. La Sainte Famille, un peu à l’écart du monde dans la modestie de son abri de roches et ses assemblages de planches, domine l’assemblée des hommes. Le couple de Joseph et de la Vierge forme le sommet d’un triangle dont la base est constituée par la foule des notables. L’élite de Florence se presse derrière Cosme de Médicis, membre d’une confrérie dédiée aux Mages. Au pied de la Vierge, agenouillé et tête nue, se tient le premier roi mage. Cosme l'Ancien, à mi-chemin entre les hommes et Dieu, a déposé son offrande. Dans une attitude de grande humilité, il s'apprête à baiser les pieds de l'enfant Jésus.

  À partir de Cosme, la foule se répartit en deux groupes. Derrière le plus ancien des Médicis, dans la partie gauche du tableau, du côté des colonnes antiques, le groupe des humanistes. Ange Politien, bras tendu vers la scène, et Pic de la Mirandole, menton dans les épaules de Laurent, entourent le jeune homme. Laurent est reconnaissable au premier plan, droit, l’épée entre les jambes. Dans la partie droite du tableau, en retrait sous une arcade de pierres en ruine, se tient le second groupe. Déterminé par la figure du second mage et tourné vers lui. Drapé d'un long manteau rouge, Pierre le Goutteux occupe le premier plan. Il est au centre de la scène, dans le prolongement de la Vierge mais séparé d’elle par plusieurs marches. Penché vers lui, vêtu de blanc, vient le troisième roi mage, Jean, frère de Pierre. Derrière lui, vêtu de noir se tient Julien, frère de Laurent. Le jeune homme — ici, sombre et pensif — a été assassiné lors de la Conjuration des Pazzi, famille rivale des Médicis. L’homme aux cheveux blancs, visage tourné vers l'extérieur de la toile, est Giovanni del Lama, le commanditaire de l'œuvre. Grand jeune homme blond, Sandro Botticelli, drapé dans sa toge or, toise le spectateur du regard.

  À la fois colorée et savante, hiérarchisée, l’Adoration des mages est une célébration de la famille des Médicis, un hommage à la gloire de leur généreux mécénat.

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli


■ Voir aussi ▼

→ (sur Terres de femmes) Sandro Botticelli | La Naissance de Vénus



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