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La petite fille qui avait rêvé le soleil

Publié le 01 janvier 2011 par Adamante

 

Il était une fois

Dans un pays tout gris

Où la réalité naissait des rêves

Et où le soleil n’existait pas encore

Et où les rêves autres que gris étaient interdits,

Dans ce pays tout froid où régnait un empereur qui avait pour nom Arac le Gris,

Une petite fille qui rêvait.

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Et ses rêves étaient tellement brillants

Qu’un jour, elle avait même imaginé le soleil.

Comme il était beau

Comme il était chaud,

Comme il était lumineux

Comme il était généreux.

Elle avait senti son âme fleurir et un parfum s’envoler

Qui faisait naître la joie et le sourire autour d’elle

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Mais dans ce pays si gris

La petite fille, avec ses rêves de lumière, fut vite repérée.

Elle fut traquée par l’armée d’Arac le Gris

Qui la poursuivit sans relâche, de jour comme de nuit.

Cette armée était composée par les Aracnuages

Ces nuages-là n’avaient pas pour mission de porter de l’eau

Ils avaient pour rôle, comme des araignées, d’engluer et d’engourdir

Tous ceux qui enfreignaient la loi en imaginant autre chose que du gris

Le risque que représentait la petite hors la loi était immense

Pensez donc

Si ceux qui avaient vu le soleil au travers de son rêve

Se mettaient à en rêver aussi, le gris risquait de disparaître

Et ça l’empereur Arac le Gris ne pouvait le tolérer.

Le gris c’était sa raison d’être, il en tirait tout son pouvoir.

La traque fut terrible.

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L’enfant tenta bien de leur échapper

Mais on ne peut passer toute une vie à fuir

Surtout en laissant une telle traînée de lumière derrière soi

Et le jour arriva où elle fut faite prisonnière.

Ce jour-là, les quelques sourires qui avaient fleuri

Furent avalés par la poussière grise du sol et disparurent.

Tout engluée de gris, elle fut enfermée dans la tour du silence

Une tour où il faisait un froid et une humidité à tuer le plus résistant des rêves

Le désespoir suintait des murs comme une maladie incurable

Il s’écoulait sur le sol en flots de larmes gluantes et verdâtres

Et plus la petite regardait ces flots et plus elle se sentait grignotée par le néant.

À ce rythme-là, bientôt on ne la verrait plus

Ses pieds léchés par le courant avaient déjà commencé à disparaître.

Pendant ce temps, là-haut, plus haut que les nuages

Le soleil qu’elle avait créé

Pour attirer son attention, s’était mis à briller de toute la force de sa lumière

Il avait tenté de percer les nuages

Mais il craignait, lui qui faisait naître la vie,

Lui qui nourrissait l’espoir

Que ses efforts soient vains

Il avait beau rêver la petite fille

Le soleil ne se voit que si l’on se décide à le rêver à son tour

Il ne pouvait plus qu’espérer ce miracle.

Mais la petite prisonnière ne pensait plus à rien

Elle ne voyait ni ne rêvait plus rien

Elle l’avait oublié

Ensorcelée par les flots maléfiques, elle n’était plus que l’ombre de son ombre.

L’histoire aurait pu s’arrêter là

Le soleil d’un côté et la petite fille de l’autre

Séparés par cet horizon de nuages gris et sans âme…

Mais le soleil qui persistait à rêver la petite fille dans la lumière

Aperçut un jour un éclat de mica sur le rebord de la fenêtre

Tout en haut de la tour où elle se morfondait

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Alors, en une ultime tentative, il y projeta un fin rayon de sa lumière

Ce rayon était si fin qu’il réussit, sans être repéré, à traverser les nuages.

Il était si fort, si concentré qu’il put traverser les ténèbres de la tour

Et dessiller les paupières closes de l’enfant

Alors il pénétra jusqu’au fond de son âme et réveilla son esprit endormi.

Elle ouvrit les yeux

Tout le gris disparu

Et les murs, et la tour, et le fleuve avec.

Il n’y avait plus que le soleil

Du soleil partout

Il n’y avait plus que de la joie

Il n’y avait plus rien que ce feu dévorant

Cet infini éblouissant où elle se savait enfin chez elle.

Alors le soleil murmura à l’oreille de son cœur :

« Ici tu es chez toi

Tu n’es pas du monde du gris

Rêve-moi comme je te rêve

Mange-moi comme je te mange

Je te mange et tu es moi

Tu me manges et je suis toi

Et pour ne pas m’oublier parle-moi

Quand tu me parles ma force est agissante

Je construis le monde en le rêvant

Je le rêve et je le dévore

Tu es mon rêve

Je suis ton rêve,

Fais de moi ton unique rêve

Parle-moi, ainsi tu ne te tromperas plus de monde

Je suis le rêve qu’il te faut manger pour que ton monde se réalise. »

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Alors la petite fille s’était levée

Et parlant à son rêve

Dévorant son rêve

Elle s’était mise à marcher

Et elle semblait si légère à ceux qu’elle croisait

Qu’ils se sentaient à leur tour devenir légers

Et elle semblait si lumineuse à ceux qu’elle croisait

Qu’ils se sentaient à leur tour devenir moins gris.

Le monde sur son passage prenait forme et couleur

L’herbe fit exploser tous ses tons du jaune au vert

Les feuilles des arbres en firent autant

Les fleurs prises de folies exprimèrent toutes les couleurs

Les oiseaux arrivèrent colorés comme l’arc-en-ciel

Et tout ce qui existait se mit à rayonner et à chanter.

Les aracnuages, avalés par le bleu du ciel, devinrent alors porteurs d’eau

L’eau si précieuse qui s’unit enfin au feu pour nourrir toute cette vie…

Le gris n’avait pas totalement disparu

Mais il était désormais obligé de partager avec la couleur.

Ô… C’était il y a bien longtemps

Mais ici personne n’a oublié.

Chacun se rappelle que le soleil est né du rêve d’une petite fille que le soleil avait lui-même rêvé.

Et qu’aujourd’hui encore, pour faire vivre le soleil,

Pour faire croître sa lumière,

Il faut garder à l’esprit de le rêver sans cesse, de lui parler et d’unir nos rêves à son rêve.

© Adamante

Merci à Snow   pour ses superbes photos

Dessins Adamante


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